La Défenseure des droits Claire Hédon a défendu mardi la nécessité de réduire le nombre de "contrôles d'identité discriminatoires" pour améliorer la relation entre police et population, en réponse aux critiques de syndicats de policiers.
Vendredi, Mme Hédon avait rappelé que son instance, qui observe notamment le respect de la déontologie des forces de sécurité, demandait depuis longtemps que des "expérimentations" soient menées dans certains quartiers, comme l'arrêt des contrôles d'identité, "qui peuvent devenir insupportable pour certains jeunes".
Cette déclaration a fait réagir plusieurs syndicats policiers comme Alliance, qui l'a accusée de vouloir créer "des zones de non-droit", mais aussi, en creux, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui a déclaré lundi à Poissy (Yvelines) que "tous les policiers sont partout chez eux dans la République".
"Je n'ai jamais souhaité mettre fin aux contrôles d'identité" ou remettre en cause la présence de la police dans les quartiers sensibles, s'est défendue Mme Hédon mardi sur Europe 1, en rappelant que plusieurs enquêtes, mais aussi la Cour de cassation, avaient souligné le caractère discriminatoire des contrôles d'identité dans certaines zones.
"Je demande juste des expérimentations que mon prédécesseur (Jacques Toubon, qu'elle a remplacé en juillet, ndlr) demandait exactement de la même manière: soit un récépissé, soit une quantification, un enregistrement du nombre de contrôles faits et avec quel but, soit des caméras", a dit la Défenseure des droits.
"On n'a aucune idée du nombre de contrôles d'identité en France", si ce n'est qu'il "se compte en millions", "on a du mal" à savoir quels en sont les motifs précis, "et c'est bien ça qu'il faut savoir" pour évaluer leur efficacité, a estimé Mme Hédon.
"Il y a des contrôles d'identité qui sont discriminatoires" et "ne rien faire en ce moment" sur ce problème, "c'est ne pas s'attaquer au problème de la relation police-population", qui "est au centre du Beauvau de la sécurité", a-t-elle souligné.
"Bien sûr qu'il y a des moments où il faut ces contrôles: quand il y a une atteinte à l'ordre public, quand il y a un comportement suspect, quand il y a une réquisition de la part du procureur. Mais ça ne veut pas dire contrôler l'identité en permanence", a-t-elle conclu.
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