Trois vaccinatrices anti-polio ont été tuées par balles mardi dans l'est de l'Afghanistan, au lendemain du lancement par les autorités d'une campagne d'immunisation contre la maladie à travers le pays, a-t-on appris de sources administratives locales.
Les victimes ont été assassinées dans deux attaques distinctes à Jalalabad, une ville régulièrement aux prises avec les violences.
"Elles allaient de maison en maison pour vacciner les enfants", a indiqué à l'AFP Wahidullah, leur supérieur, qui n'utilise qu'un seul nom, comme de nombreux Afghans.
Un responsable du bureau du gouverneur de Nangarhar, province dont Jalalabad est la capitale, a confirmé les faits.
L'une des victimes faisait ce travail pour gagner de l'argent et soutenir sa famille, a raconté à l'AFP son oncle, Haji Maqbool.
"Des hommes armés l'ont tuée par balles ce matin alors qu'elle vaccinait des enfants", a-t-il déploré.
Selon le porte-parole du ministère de la Santé, la campagne de vaccination a été temporairement interrompue dans la province.
Si le virus de la poliomyélite a été éradiqué dans le reste du monde, il reste présent en Afghanistan et au Pakistan, deux pays où la vaccination est souvent regardée avec suspicion.
Les violences dans le pays ont entravé de précédentes campagnes de vaccination en Afghanistan. De larges pans du territoire échappent au contrôle du gouvernement central et il est difficile pour les équipes de vaccination d'y accéder.
Les talibans continuent d'interdire aux autorités de mener des campagnes de vaccination en faisant du porte-à-porte dans les zones qu'ils contrôlent, selon les autorités.
Les talibans et d'autres chefs religieux dénoncent souvent la vaccination comme un complot occidental visant à stériliser les enfants musulmans.
Les violences n'ont fait qu'augmenter ces derniers mois en Afghanistan, malgré l'ouverture en septembre à Doha de pourparlers de paix entre les talibans et le gouvernement.
Les assassinats ciblés de journalistes, juges, médecins, personnalités politiques ou religieuses, et défenseurs des droits, se sont notamment multipliés, semant la terreur dans le pays.
Les autorités imputent la majorité des violences aux talibans, qui affirment de leur côté ne pas cibler les civils.
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