Un site industriel dangereux "à l'abandon" dans le Nord de la France inquiète les responsables de la région qui ont réclamé jeudi une action en justice.
Classé Seveso "seuil haut" en raison de sa dangerosité, l'usine Maxam Tan, dernière de France à produire du nitrate d'ammonium industriel et qui emploie 73 personnes à Mazingarbe dans le Pas-de-Calais, a été mise en liquidation judiciaire le 13 janvier alors qu'une cuve contenait encore quelque mille tonnes d'ammoniac.
L'usine, dont les produits entrent dans la composition d'explosifs civils et d'engrais, est une filiale du groupe espagnol Maxam, contrôlé par le fonds d'investissement américain Rhône Capital.
"Il y a un risque environnemental, Maxam Group ne fait pas ce qu'il faut. Il faut absolument qu'il y ait une action en justice contre le laisser-aller, le manque de précautions et l'abandon du site", a lancé jeudi le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, après une rencontre avec des représentants des 73 salariés du site.
A l'entrée du vaste site, un panneau portant une tête de mort clame "Maxam nous a tués, usine à vendre" à côté d'inscriptions "menteurs" et "fossoyeurs".
M. Bertrand a indiqué être en contact avec le préfet, représentant local de l'Etat, qui a effectué un signalement à la justice dans ce dossier.
L'élu a également dénoncé la manière dont sont traités les salariés, estimant que "Maxam a vraiment intérêt à se remettre autour d'une table pour négocier sans faire semblant".
"On est face à un mur, on n'a aucun interlocuteur aujourd'hui, Maxam Group ne vient pas sur le site", a affirmé le délégué Stéphane Hugueny au nom de l'intersyndicale.
L'avocat de la direction espagnole, Me Laurent Cautret, a fait état mercredi de propositions du groupe mais affirmé à l'AFP qu'"il y a en face des gens qui ne veulent pas négocier sur des bases réelles".
Lors du placement en liquidation, une prolongation d'activité de trois mois avait été accordée pour vider la cuve de cette matière toxique qui "engage la sécurité de plusieurs dizaines de milliers de personnes des communes environnantes", avait expliqué à l'AFP le préfet du Pas-de-Calais Louis Le Franc.
L'opération risque de ne pas être terminée le 13 avril, avertissent les syndicats qui s'inquiètent aussi d'un non-renouvellement par Maxam du contrat d'assurance du site après le 28 février.
Maxam, fondé en 1872 par Alfred Nobel, a racheté en 2011 au groupe pétrolier français Total ce site dont l'histoire remonte à 1897.
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