Une dizaine de militants du mouvement d'extrême droite Action française ont fait irruption jeudi à Toulouse au conseil régional d'Occitanie, où se tenait une assemblée plénière, déclenchant de nombreuses réactions d'indignation, dont celle du président Emmanuel Macron.
Ils ont "tenté d'entrer par la force dans l'hémicycle pour interrompre le processus délibératif, peut-être par le sous-sol", a expliqué à l'AFP la présidente PS du conseil régional Carole Delga, relevant qu'il s'agissait de la première intrusion d'extrémistes dans l'enceinte du conseil régional depuis son élection en 2016.
Dans un communiqué, Mme Delga a annoncé qu'elle allait porter plainte. "Face à l'extrême droite, je le répète : je ne lâcherai rien et ne cèderai à aucune pression, d'où qu'elle vienne", a-t-elle affirmé, rappelant qu'elle avait à plusieurs reprises été la cible de menaces, dont des menaces de mort, de la part de l'extrême droite.
"On sent en France qu'il y a un climat très tendu. On est en train de créer une société d'ennemis. Je crois qu'il va y avoir une escalade au fil des mois avant la présidentielle" de mai 2022, a ajouté Mme Delga à l'AFP.
Le coup de force a déclenché une avalanche de réactions.
Emmanuel Macron a dénoncé une action qui reflète selon lui "le vrai visage de l'extrême droite" et sa "volonté de bâillonner la démocratie".
Le maire de Perpignan Louis Aliot (RN) a estimé dans un tweet que "l'intrusion violente d'extrémistes" était inquiétante "pour l'atteinte démocratique qu'elle représente !".
Le maire LR de Toulouse Jean-Luc Moudenc a également condamné "fermement" sur Twitter cette intrusion "inadmissible" et "les agissements de ces extrémistes".
L'ancienne ministre socialiste Ségolène Royal a quant à elle adressé un "soutien chaleureux" à Carole Delga "face à cette violence inadmissible".
C'est "signé Macron, Darmanin, Schiappa, Olivier Faure et autres chasseurs d'islamogauchistes et +d'ambigus+", a dénoncé pour sa part l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, régulièrement aux prises avec l'exécutif sur les thèmes de la laïcité et de la République.
"Que cette intrusion violente puisse déciller les yeux des pyromanes Darmanin et consorts: vous nourrissez la violence et fracturez le pays", a twitté le patron d'EELV Julien Bayou, qui plusieurs heures plus tôt pestait contre la polémique sur la mosquée de Strasbourg opposant son parti au gouvernement.
La députée LFI et candidate à la présidence de la région Île-de-France Clémentine Autain a renchéri: "En légitimant l'extrême droite, en reprenant ses discours et ses cibles, le gouvernement lui déroule un tapis rouge. Et quand les digues sautent, la marée monte".
Face à ce concert de réactions, l'Action Française a également posté plusieurs messages sur son compte Twitter notamment en réponse au président. "Macron le despote, qui nous retire chaque jour des libertés, ose dire que nous souhaitons "bâillonner la démocratie" après avoir déployé une banderole... Tous ces gens hors-sol, qui nous amènent vers notre perte, n'ont rien à faire à la tête de notre pays", pouvait-on y lire.
Selon le communiqué de la Région Occitanie, le service de sécurité a réagi "très rapidement, avec calme et sang-froid", pour empêcher cette irruption de personnes se réclamant de l'Action Française. Aucun élu ou salarié n'a été blessé pendant l'incident qui a duré quelques minutes.
Des policiers ont interpellé des militants d'Action française.
Ils ont laissé dans les locaux de la Région une banderole avec le nom "Actionfrançaise.net", photographiée par plusieurs conseillers régionaux, sur laquelle on pouvait lire "Islamo-gauchistes - traîtres à la France".
Ancienne secrétaire d'Etat au Commerce pendant le mandat de François Hollande, Carole Delga, 49 ans, préside la région Occitanie depuis 2016 et brigue un nouveau mandat lors du scrutin prévu en juin. Dans cette région ancrée à gauche, elle sera notamment opposée à la tête de liste du Rassemblement national (RN), Jean-Paul Garraud, un ancien député LR.
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