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  • Au procès des policiers de la BAC, l'étrange opération à l'origine de l'affaire (fr)
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  • Cela devait être la saisie de cocaïne "du siècle", ce n'était que de la pâte de dattes: au procès des policiers de la brigade anti-criminalité du XVIIIe arrondissement de Paris, le tribunal a évoqué vendredi l'étrange opération de police à l'origine de l'affaire.

    "C'est du n'importe quoi !" Il est 19H00 et la présidente de la 16e chambre correctionnelle, Isabelle Prévost-Desprez, semble sidérée. Depuis deux heures, elle interroge certains des prévenus, six policiers et deux informateurs, sur une interpellation datant du 6 juin 2018.

    Ce jour-là, l'un des "indics" du brigadier Karim M., alias "Bylka", le prévient qu'un "Congolais" s'apprête à acheter 1 kilo de cocaïne à un réseau de trafiquants, déjà passé à deux reprises entre les mailles du filet des douanes.

    Une potentielle saisie "très importante" par rapport aux prises habituelles de la BAC, qui étaient plutôt de "20, 25 grammes", soulève d'emblée la présidente, qui demande pourquoi Karim M. ne prévient alors pas le service spécialisé, la brigade des stupéfiants.

    "Je suis allé tout de suite voir ma hiérarchie" et "ils m'ont donné leur aval", se justifie le policier, qui comparaît dans le box pour corruption et faux en écriture notamment. "Je pense que c'est le rêve de n'importe quel policier de se démarquer en faisant une très belle affaire", ajoute-t-il.

    La présidente poursuit en lisant la main-courante de l'opération. Vers 21H00, trois policiers sont alors "en planque" dans un bar baptisé "l'Alibi" - "ça ne s'invente pas", ironise la magistrate.

    A l'initiative de Karim M., les policiers se dirigent ensuite vers une voiture: en-dessous du siège passager, ils trouvent un paquet emballé avec du "scotch d'électricien" qui ressemble à de la cocaïne. Les deux occupants de la voiture sont interpellés.

    - "Vous trouvez que ce sont des conditions de sécurité suffisantes ? Pour un kilo de cocaïne, on peut penser qu'ils sont armés..." s'étonne Mme Prévost-Desprez.

    - "Il y avait un second équipage à proximité immédiate", tente de justifier à la barre Alexandre C., l'un des membres de l'équipe.

    - "Vous ne pensez pas qu'il peut y avoir des gens qui surveillent la transaction ? Et là, qu'est-ce qu'il se passe, on se fait canarder comme des lapins ?" insiste, plus tard, la présidente auprès de Karim M.

    - "J'ai pas réfléchi, j'étais dans le feu de l'action", soutient ce dernier, "j'ai eu peur qu'ils démarrent avec leur véhicule".

    - "C'était un très mauvais dispositif qui était mis en place, vraiment. Ce n'est pas professionnel du tout", tacle la magistrate.

    - "Belle affaire pourrie" -

    Un premier véhicule achemine ensuite les deux interpellés au commissariat et Karim M., avec des collègues, suivent dans la voiture des deux suspects.

    La présidente s'interroge encore: pourquoi un officier de police judiciaire (OPJ) ne se déplace pas pour fouiller le véhicule sur place ? "La réalité du terrain c'est que malheureusement, je n'ai jamais vu un seul OPJ venir", réplique "Bylka". "La consigne qu'on avait, c'était de ramener le véhicule".

    Arrivé au commissariat, le brigadier "crève" avec une clé le paquet devant "tout le monde" et lance: "c'est de la pâte de dattes !" En dehors de toute procédure, fait remarquer la présidente. "Je me suis dit: +on va quand même vérifier avant de passer pour des cons+", déclare le prévenu.

    Les deux hommes interpellés sont alors remis en liberté. Mais l'un d'eux, Olivier D., découvre en retrouvant sa voiture que 1.200 euros, qui se trouvaient dans sa sacoche, ont disparu.

    Partie civile au procès, il témoigne cependant lui aussi dans un box, car il est en prison pour complicité dans une autre affaire de vol. "C'était mes économies", assure-t-il d'une voix forte, expliquant avoir porté plainte auprès de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) dès le lendemain.

    "Franchement on fait tout pour rater l'affaire", résume Mme Prévost-Desprez. "Une +belle affaire+ pourrie comme ça, c'est même pas la peine. Imaginons que ça avait été de la cocaïne, je vois déjà trois motifs d'annulation de la procédure !"

    C'est après cet épisode qu'un des policiers de la BAC explose: il accuse publiquement Karim M. de s'être "gavé" et d'avoir remplacé la cocaïne par la pâte de dattes. Le lendemain, il dénoncera son collègue à sa hiérarchie, qui saisira l'IGPN.

    Deux ans et demi plus tard, Karim M. ne comparaît pas pour avoir remplacé la drogue par la pâte de fruits, mais pour le vol des 1.200 euros. Ainsi que pour des soupçons de racket de dealers et de procédures bidonnées, révélées par l'enquête qui a suivi.

    alv/emd/cbn

    (fr)
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