Monique Gaillard, 72 ans, mise en examen pour complicité de meurtre de sa belle-fille Magali Blandin, que son fils Jérôme a avoué avoir tuée à coups de batte de baseball, reste en détention, a annoncé vendredi la cour d'appel de Rennes.
La chambre de l'instruction a refusé la libération de cette exploitante agricole à la retraite mise en examen pour "complicité de tentative de meurtre par conjoint" pour un premier projet criminel fin 2020 visant Magali Blandin, mère de famille de 42 ans, et "complicité de meurtre par conjoint".
Elle avait été placée en détention provisoire le 21 mars, de même que son mari Jean Gaillard.
"C'est une première décision que nous devons accepter. Nous allons nous pencher sur une information judiciaire qui va, je l'espère, avancer de façon suffisamment soutenue pour que la phase de détention provisoire de Monique Gaillard ne s'éternise pas, car sa place n'est pas dans une maison d'arrêt", a déclaré à l'AFP son avocate Me Gwendoline Ténier.
La chambre de l'instruction a également ordonné le maintien en détention de Zaza P., le voisin géorgien du mari, mis en examen pour "tentative d'extorsion en bande organisée" et "destruction d'objet concernant un crime pour faire obstacle à la manifestation de la vérité", à savoir la voiture ayant servi à transporter le corps.
A l'audience jeudi, Monique Gaillard s'était effondrée en larmes. Les débats ont porté sur l'existence d'indices graves et concordants, le risque de déperdition de preuves et de concertation frauduleuse.
La justice reproche notamment aux parents d'avoir fourni un alibi à leur fils en se rendant à son domicile et en utilisant son téléphone et son ordinateur pendant qu'il commettait son crime.
"A ce moment-là, Monique Gaillard était en train de faire ses courses, comme l'atteste un ticket de caisse", souligne Me Ténier. "Elle n'est pas allée au domicile de son fils et Jérôme Gaillard a déclaré avoir demandé à son père de lui rendre service sans lui en expliquer les raisons", a-t-elle ajouté.
Pour Me William Pineau, avocat de la famille Blandin, Monique Gaillard a "oublié qu'elle est une grand-mère qui aurait dû protéger ses petits-enfants". Comme son mari, "elle est dans le même processus" de fourniture d'alibi pendant "l'exécution du projet criminel", a-t-il ajouté.
Devant les enquêteurs, les beaux-parents ont reconnu avoir eu connaissance des intentions de leur fils à la période de Noël. "Je ne sais pas quelle crédibilité accorder aux informations données par Jérôme Gaillard à cette occasion, et si les parents ont vraiment eu l'impression d'une information sérieuse qui était les prémices d'un passage à l'acte", a réagi Me Ténier.
Quelques semaines auparavant, ils avaient versé 50.000 euros à leur fils pour financer son divorce et l'aider à faire face aux difficultés financières. Mais selon son avocate, Monique Gaillard ignorait que cet argent serait utilisé à des fins criminelles. "Les parents n'ont compris ce qui s'était passé que le 2 mars, lorsqu'ils ont reçu une lettre de menaces des Géorgiens", ajoute-t-elle.
Me Ténier a toutefois reconnu que sa cliente avait d'abord menti. "Elle évoque un fils manipulateur, elle est prise entre la crainte qu'il pourrait susciter chez elle et son instinct maternel heurté par le suicide d'un fils dans un contexte similaire", plaide-t-elle.
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