Le président de l'association des anciens élèves de l'ENA (AAEENA) a dénoncé mercredi sa réforme qu'une ordonnance doit entériner le 26 mai, et a fait part de la "tristesse", de la "colère" et des "sentiments de réprobation et de désolation" qu'elle lui inspire.
S'exprimant pendant le conseil d'administration de l'ENA auquel assistait la ministre de la Transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, Daniel Keller, a fait "part des sentiments de réprobation et de désolation" qu'inspirent "tant le fond que la forme de la réforme" à "l'immense majorité des anciens élèves".
"La disparition brutale et totale de la marque ENA suscite incompréhension, tristesse et même colère. Quelques mois avant la présidence française de l'Union européenne, quel dommage !", a-t-il regretté dans un discours dont l'AFP a eu copie.
Il a qualifié le projet gouvernemental de "réforme en trompe l'oeil qui ne renforcera pas la position de notre haute fonction publique dans le concert européen".
M. Keller s'est notamment élevé "contre le procès en sorcellerie fait à l'ENA sur son manque de diversité".
"Outre qu'il est factuellement inexact, j'observe que personne ne s'est préoccupé d'une telle question pour les ingénieurs, les médecins, les pharmaciens, l'orchestre de l'Opéra de Paris (...). Avec 35,7% et 28,9% d'élèves boursiers dans les deux dernières promotions, pointer le prétendu élitisme de l'ENA est une justification sans fondement à la volonté de supprimer l'Ecole", a-t-il dit.
Il a dénoncé une "réforme" qui "met en place un véritable parcours du combattant pour l'accès aux fonctions supérieures et dirigeantes" et "n'offre pas les garanties de cohérence qu'on serait en droit d'attendre" concernant "le périmètre du corps des administrateurs d'Etat", "les modalités de sortie de l'Institut du service public (ISP)" qui doit remplacer l'ENA ou "les modalités d'accès aux autres corps que celui d'administrateur d'Etat, comme celui des magistrats ou des diplomates".
"L'essentiel de la réforme repose sur les textes d'application sur lesquels n'existe aucune vision d'ensemble", comme il n'existe "aucune information" concernant son financement, a-t-il déploré.
Il a conclu en dénonçant "les tortueuses garanties d'indépendance proposées aux futures inspections", "la fonctionnalisation des emplois au risque de fragiliser les compétences" et a mis en garde contre le "risque d'une politisation de la haute fonction publique".
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