La justice a décidé vendredi de rouvrir le dossier d'une gendarme retrouvée morte dans une caserne lyonnaise en 2011, à la demande de sa famille qui n'a jamais cru à la thèse officielle d'un suicide pour raisons personnelles.
Le 26 janvier, le parquet général avait requis devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon la réouverture d'une information judiciaire pour "harcèlement" et "homicide involontaire".
La jeune femme de 32 ans avait été retrouvée le 24 septembre 2011 dans son appartement de fonction, une balle dans le ventre et son arme de service à ses pieds.
La version qui prévaut depuis une décennie veut qu'elle se soit suicidée après avoir appris qu'elle devrait comparaître devant un tribunal pour deux affaires liées à l'exercice de sa profession.
Myriam Sakhri se plaignait cependant depuis des mois d'être harcelée par des collègues et sa hiérarchie.
Un mot retrouvé à ses côtés, écrit de sa main et rédigé en ces termes: "Merci à G. le connard!", désignait le colonel qui commandait à l'époque la gendarmerie du Rhône. La militaire y travaillait au sein du Centre d'opérations et de renseignements (Corg), service chargé de répondre aux appels du public.
Après un premier classement de l'affaire, sa famille avait porté plainte, déclenchant l'ouverture d'une information judiciaire en 2012.
Celle-ci a débouché sur un non-lieu en 2013, confirmé en appel en 2014 puis par la Cour de cassation en 2015, les magistrats écartant tout harcèlement et rendant la jeune femme responsable de la dégradation de ses relations de travail.
En novembre dernier, les proches de la défunte ont transmis à la justice de nouvelles attestations de témoins éclairant l'affaire d'un jour nouveau, ainsi que le rôle joué par le colonel G. - devenu général depuis - dans la dénonciation des faits pour lesquels la gendarme devait être jugée en correctionnelle.
Pour les avocats de la famille, ces nouveaux éléments attestent de la réalité du harcèlement raciste dont se plaignait la militaire, ainsi que de la partialité des investigations initiales menées par l'Inspection générale de la gendarmerie nationale.
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