Quelques dizaines de salariés du site Sanofi de Strasbourg, soutenus par des députés LREM, ont manifesté jeudi contre le transfert de la totalité de leurs postes en région parisienne, craignant qu'il aboutisse à des suppressions d'emplois.
"Sanofi sacrifie son excellence strasbourgeoise", proclamait la banderole derrière laquelle se sont réunis environ 35 des 56 salariés titulaires de ce site consacré à la recherche et développement (R&D) en immuno-oncologie.
Sur leurs blouses, ces scientifiques avaient dessiné les pions d'un jeu d'échecs, pour exprimer leur sentiment "d'être des pions sacrifiables".
Depuis l'annonce, en juin 2020, du transfert des activités du site vers Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), et dans le contexte d'un plan de départ qui prévoit 364 suppressions de postes au sein de la branche R&D du groupe, "on n'a aucune information sur le statut dans lequel on est", a déploré auprès de l'AFP Nicolas Muzet, membre du Comité social et économique (CSE) de l'entreprise.
"On constate une détresse très profonde chez certains salariés, qui attendent de connaître leur avenir, les conditions de transfert, et ils n'ont rien: ça rend leur existence très compliquée", a-t-il souligné.
"Le fait de nous proposer un transfert sur la région parisienne est une manière de masquer la réalité: la plupart des salariés ne pourront pas y aller pour des raisons personnelles, financières ou familiales, donc c'est une façon détournée de nous dire: +on se débarrasse de vous+", a estimé François Spielmann, employé au service support.
"Qu'est-ce qui peut arriver à un site où il n'y a plus personne ? C'est la fermeture", a souligné Anne Eschbach, membre du CSE. "Alors même que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire garantissait la semaine dernière qu'il n'y aurait pas de fermeture de site".
Les salariés ont reçu le soutien de plusieurs élus, dont les députés LREM Bruno Studer et Thierry Michels, ainsi que l'ancienne ministre et actuelle conseillère municipale de Strasbourg, Catherine Trautmann (PS).
"L'image que renvoie Sanofi en termes de gestion des ressources humaines est catastrophique", a déclaré Bruno Studer. "On ne laisse pas comme ça plusieurs mois des salariés dans l'expectative, surtout dans la période actuelle".
"C'est un crève-coeur de voir ce site fermer", a regretté Thierry Michels, exprimant sa volonté de "s'assurer que Sanofi permette à un repreneur de venir et de faciliter une reprise de qualité".
Selon les déclarations de plusieurs salariés, quatre repreneurs potentiels ont exprimé leur intérêt pour le site : "on sait qu'il y aurait deux sociétés régionales, une société nationale et une société internationale intéressées", a indiqué l'un d'eux.
Selon un délégué ayant participé au CSE central qui s'est tenu jeudi, la direction de Sanofi a indiqué qu'elle se "laisse le temps d'étudier la possibilité d'un repreneur", notamment dans le cadre de la loi qui prévient la fermeture des sites rentables, dite "loi Florange".
Sollicitée, la direction du site n'a pas souhaité s'exprimer. Dans un communiqué, le groupe Sanofi s'est dit "respectueux du calendrier et du dialogue social qui doit avant tout se dérouler au sein de l'entreprise".
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