Anticor a été auditionné lundi par la Cour de justice de la République (CJR) dans l'enquête pour "prise illégale d'intérêts" ouverte contre le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti après, entre autres, une plainte de l'association anticorruption, a appris l'AFP auprès de sa présidente.
"L'audition a duré trois heures et demie et s'est bien déroulée", a déclaré Elise Van Beneden, présidente d'Anticor, qui a été interrogée comme témoin par trois magistrats de la commission d'instruction de la CJR.
La CJR, seule instance habilitée à enquêter sur les membres du gouvernement pour les actions menées dans l'exercice de leur fonction, est chargée depuis le 13 janvier d'une information judiciaire ouverte sur la base des plaintes d'Anticor et de trois syndicats de magistrats (SM, USM, Unité magistrats SNM FO), qui accusent le ministre de conflits d'intérêts, ce qu'il réfute.
Le ministre se voit notamment reprocher d'avoir ordonné une enquête administrative contre trois magistrats du parquet national financier (PNF) impliqués dans une enquête ayant conduit à examiner les facturations téléphoniques détaillées (fadettes) de plusieurs ténors du barreau, dont les siennes.
Rendue publique en juin, cette procédure liée à l'affaire Bismuth visait à identifier la taupe ayant pu prévenir Nicolas Sarkozy et son avocat qu'ils étaient sur écoute en 2014.
Avant de devenir ministre, l'avocat Eric Dupond-Moretti avait dénoncé des "méthodes de barbouzes" du PNF et déposé une plainte, retirée à son entrée au ministère.
Mais après avoir reçu les conclusions d'un premier rapport commandé par sa prédécesseure Nicole Belloubet, le ministre avait ordonné une enquête administrative contre les trois magistrats du PNF, ainsi qu'une autre enquête contre le juge Edouard Levrault, cible de ses critiques dans un dossier à Monaco où Me Dupond-Moretti intervenait en défense.
"La CJR a manifesté beaucoup d'intérêt pour les conditions dans lesquelles notre demande de renouvellement de l'agrément est instruite", a souligné Mme Van Beneden.
Le renouvellement de cet agrément, qui permet à l'association Anticor d'agir en justice dans des dossiers de corruption, est en cours d'examen par le Premier ministre Jean Castex, après que le garde des Sceaux s'est déssaisi du dossier.
Une décision est attendue d'ici au 2 avril.
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