Le président bélarusse Alexandre Loukachenko a affirmé jeudi avoir défait un "Blitzkrieg" étranger et d'opposants contre son régime, référence au vaste mouvement de contestation de 2020, qu'il estime être un complot occidental.
Devant un congrès de quelque 2.700 apparatchiks l'ovationnant régulièrement, il a aussi reporté à 2022 une réforme constitutionnelle devant réduire ses prérogatives, qu'il avait précédemment promis de présenter devant cette assemblée.
"Je ne rendrai mon pays à personne", a lancé Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, devant l'Assemblée populaire pan-bélarusse, se targuant d'avoir résisté à la vague de protestation sans précédent qui a déstabilisé son régime des mois durant après sa réélection émaillée de fraudes en août 2020.
Le Bélarus a "subi une attaque des plus cruelles de l'extérieur (...). Mais le Blitzkrieg a échoué, et nous avons conservé (le contrôle du) pays", a-t-il assuré, répétant que la contestation était le résultat d'un complot occidental le visant ainsi que le grand frère russe.
Après des semaines de manifestations, le système Loukachenko est parvenu à museler le mouvement avec des vagues d'interpellations de masse, des violences policières ainsi que les arrestations ou l'exil de toutes les figures du mouvement de protestation, sur fond d'accusations de torture.
Les tirades du président jeudi étaient entrecoupées de salves d'applaudissements des délégués, assis en rang serrés, la plupart sans masques sanitaires, vêtus de costumes sombres, tailleurs et uniformes.
- Pas de réforme avant 2022 -
Si l'opposition et l'Occident ont jugé frauduleuse la réélection de M. Loukachenko avec 80% des voix en août dernier, l'homme fort du Bélarus a de nouveau insisté jeudi sur sa victoire.
"Ceux qui sont derrière nous, ils sont des millions. C'est une majorité écrasante (...). Nous sommes les vainqueurs!", a-t-il assuré.
Le président, qui était censé présenter une réforme institutionnelle et constitutionnelle devant l'assemblée, s'est borné à dire qu'un projet de nouvelle constitution sera élaboré dans le courant de l'année. Puis celle-ci sera soumise à un référendum en 2022.
"Je suis pour une réforme constitutionnelle", a-t-il affirmé.
"Mais il faut tout faire doucement (...), il faut que la société y soit prête", a ajouté le dirigeant bélarusse, en appelant l'Assemblée populaire à "réfléchir" sur d'éventuels amendements.
Alexandre Loukachenko, aux commandes du pays depuis près de 27 ans, a en passant évoqué son départ théorique du pouvoir, à une date toute aussi virtuelle.
"Un jour vous élirez un autre Loukachenko, ou quelqu'un d'autre", a-t-il lâché jeudi. "Aussi héroïque que je sois, il viendra le temps" de partir.
Il a assuré "comprendre" que le pays allait avoir "besoin d'une nouvelle génération au pouvoir".
Mais son départ, a-t-il dit, ne sera possible que "s'il n'y a pas de protestations, de tentative de renverser les autorités".
- "Aucune signification" -
L'opposition, dont aucun représentant n'a été convié à l'assemblée et dont tous les dirigeants ont été forcés à l'exil ou emprisonné, considérait ce grand raout comme une mascarade avant même son ouverture.
La figure de proue des détracteurs du régime et candidate à la présidentielle d'août, Svetlana Tikhanovskaïa, exilée en Lituanie, a jugé que l'événement n'avait "aucune signification pour les Bélarusses".
Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, qui suit la crise chez son voisin de près, avait lui dénoncé "la persécution" politique toujours en cours" et estimé que l'Assemblée populaire n'était qu'un "dialogue entre Alexandre Loukachenko et ses partisans".
Si les Occidentaux se sont élevés contre la répression et ont sanctionné Minsk, le dirigeant bélarusse a pu compter sur le soutien sans faille de Moscou.
"Tout dépendra de notre unité avec la Russie. Nous pourrons assurer la stabilité de nos pays seulement si nous sommes unis", a souligné jeudi M. Loukachenko, en assurant que les tentatives occidentales de faire basculer la situation au Bélarus étaient "un tremplin pour une attaque contre" Moscou.
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