Sous un ciel assombri de nuages gris, quelque 200 personnes ont participé jeudi à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) à une "marche funèbre" organisée par la CGT de Sanofi pour protester contre les suppressions de postes dans la recherche et développement (R&D) du groupe, a constaté une journaliste de l'AFP.
Transporté dans une camionnette aux couleurs du syndicat, un cercueil noir portait les noms des "sites de R&D fermés ou vendus" ces dernières années, a expliqué au micro Thierry Bodin de la CGT-Sanofi, devant les manifestants. Des "fermetures inacceptables", "accompagnées d'une perte d'expertise scientifique de grande valeur" avec "plus de 3.000 emplois directs supprimés en R&D en douze ans", a-t-il critiqué.
Alors qu'un plan de suppression de 364 postes chez Sanofi-Aventis R&D est en cours de négociation, "c'est clairement le risque de dislocation de la première entreprise pharmaceutique française qui se joue aujourd'hui", a-t-il estimé.
La "santé publique" pour les dirigeants de Sanofi "n'est que prétexte à faire toujours plus de fric", a accusé Pascal Collemine, délégué CGT du groupe, en dénonçant des "actionnaires toujours plus voraces".
Épaulés par des personnalités politiques, agents RATP, salariés d'Air Liquide ou de la recherche publique, certains manifestants avaient revêtu des tenues de deuil noires, quand d'autres portaient des blouses blanches de chercheurs, au dos desquelles était inscrit "Sanofric" ou sur l'une d'entre elles: "Sanofi, l'essentiel c'est la santé financière de nos actionnaires".
Rassemblés devant les installations du groupe à Vitry-sur-Seine, les salariés et leurs soutiens ont défilé le long des bâtiments derrière une banderole disant "Sanofi tue sa recherche, stop au mépris", au son de la "Marche funèbre" de Chopin ou de "L'Internationale". Un défilé ponctué par un lancer de faux billets estampillés "Sanofric".
Parmi les manifestants, Sylvie, chercheuse de 56 ans, "depuis 35 ans" chez Sanofi, "travaille en laboratoire sur le site de Chilly-Mazarin" (Essonne). "J'étais beaucoup plus heureuse au début de ma carrière", confie-t-elle à l'AFP. "Les conditions de travail, la motivation... On comptait moins le temps passé au travail qu'à l'heure actuelle", soupire celle qui a "vu des salariés craquer", "vraiment en détresse". Désormais, la chercheuse espère "partir" avec le plan en négociation "mais il faudra voir les conditions de départ..."
Venue "soutenir les salariés, les emplois et le savoir-faire qu'on doit absolument garder", la députée Mathilde Panot (LFI) s'est insurgée auprès de l'AFP contre "une destruction systématique de sa R&D" par Sanofi qui conduit "la France, le pays de Pasteur", à ne pas avoir son propre vaccin contre le Covid-19.
er/lum/rhl
Sanofi
AIR LIQUIDE