Le président argentin Alberto Fernandez a déclaré mardi que la vaccination indue de plusieurs dizaines de personnes dans son pays, qui a entraîné la démission du ministre de la Santé, était "répréhensible", mais qu'il ne s'agissait pas d'un "crime".

M. Fernandez, en visite officielle au Mexique, a estimé que la vaccination était un sujet "très sensible" qui ne devrait pas être politisé.

"J'ai lu que des plaintes avaient été déposées (...) Arrêtons les pitreries !", a-t-il lancé lors d'une conférence conjointe avec son homologue mexicain, Andres Manuel Lopez Obrador.

Le scandale a éclaté vendredi lorsqu'un journaliste a déclaré à la radio qu'il avait été vacciné dans l'enceinte du ministère en raison de son amitié avec le ministre de la Santé, Ginés Gonzalez Garcia, qui a dû démissionner dans la foulée à la demande de M. Fernandez.

Mardi, M. Fernandez n'a pas exclu d'autres démissions.

"Ceux qui doivent partir vont partir car je n'ai jamais soutenu ou donné mon aval à cela", a-t-il ajouté.

Quelque 13 plaintes contre l'ancien ministre de la Santé ont été déposées devant la justice argentine.

"J'ai demandé aux procureurs et aux juges de faire leur travail", mais il n'existe dans la loi argentine aucun "crime qui dit que sera puni celui qui vaccine un autre qui n'a pas attendu son tour". "Ce délit n'existe pas", a-t-il insisté.

L'expert en opinion publique Pablo Knopoff estime que le scandale des "vaccins pour VIP" a cependant plus de résonance que ne souhaiterait M. Fernandez, en raison du manque de doses pour immuniser les personnes les plus fragiles.

"Pour l'Argentin moyen, la question qui importe est de savoir +où se trouve le vaccin de mon grand-père+", a-t-il dit à l'AFP, alors que le gouvernement avait annoncé pouvoir disposer de 20 millions de doses en février et que moins de 2 millions ont été livrées.

Pour l'analyste Carlos Fara, "si le gouvernement avait publié à l'avance les critères de vaccination, ces critères pourraient maintenant être discutés, mais pas la transparence du processus".

Le ministère de la Santé a publié lundi une liste de 70 personnes, comprenant le ministre de l'Economie de 38 ans ou l'ancien président Eduardo Duhalde, son épouse et leurs enfants, ayant reçu le vaccin en dehors de la campagne officielle lancée fin décembre.

M. Fernandez et sa vice-présidente Cristina Kirchner ont été parmi les premiers à recevoir le vaccin russe Spoutnik V en janvier.

Les deux responsables sexagénaires l'ont fait devant les caméras pour encourager à la vaccination.

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