Les prud'hommes ont condamné Télérama pour avoir licencié "sans cause réelle et sérieuse" le journaliste Emmanuel Tellier, renvoyé en 2019 après des accusations de "harcèlement sexuel", qu'il a toujours contestées, ont indiqué mercredi à l'AFP les deux parties, confirmant une information du Canard enchaîné.
Dans son jugement prononcé en avril, le Conseil des prud'hommes de Paris a estimé que "bien que la bonne foi des salariées victimes ne peut être mise en doute, la véracité et la réalité des propos reconstitués des années plus tard ne reposent sur rien d'objectif et de certain".
L'avocate de M. Tellier, Me Lucile Brandi Sommerer, s'est félicitée dans un communiqué de ce jugement qui "vient rappeler opportunément que nul ne peut être déclaré coupable sans preuve et que cela s'applique également aux employeurs dans l'exercice de leur pouvoir de sanction".
Emmanuel Tellier a lui souligné sur Twitter que cette décision n'effaçait pas "le chagrin et l'indicible sentiment d'injustice" qu'il ressentait.
De son côté, la direction de Télérama a rappelé dans un communiqué qu'elle avait "pris la décision de licencier Emmanuel Tellier en mai 2019 pour des faits de harcèlement sexuel", à l'issue d'une "enquête rigoureuse et contradictoire", car "l'obligation de sécurité de l'employeur vis-à-vis des salariés nécessite que ce type de comportement soit sanctionné et les victimes absolument protégées".
"Le conseil des prud'hommes, s'il a estimé que les faits rapportés par les salariés étaient sérieux, a néanmoins considéré que l'enquête réalisée et les témoignages des salariés ne constituaient pas +un commencement indirect de preuve+" et a donc jugé le licenciement abusif, mais "cette motivation étant juridiquement très discutable, la direction de Télérama a décidé de faire appel", ajoute la direction de l'hebdomadaire.
Par ailleurs les prud'hommes ont rejeté plusieurs griefs soulevés par M. Tellier, qui demandait notamment la "nullité" du licenciement, et ne lui a accordé qu'une partie des indemnités réclamées.
Emmanuel Tellier avait été licencié en mai 2019 pour faute simple, en même temps que son collègue Aurélien Ferenczi, renvoyé lui pour faute lourde, à la suite d'une enquête menée par la DRH du groupe Le Monde, maison mère du magazine.
Elle faisait suite à des signalements visant les deux journalistes, pour des faits pouvant être assimilés à des agissements sexistes et du harcèlement sexuel, recueillis par une cellule d'écoute mise en place après l'affaire Weinstein.
Les deux hommes avaient contesté vigoureusement les faits qui leur étaient reprochés et saisi tous deux les prud'hommes.
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