S'appuyant sur un nouveau témoin, l'avocat d'une jeune femme victime de violences policières en marge d'une manifestation à Marseille le 8 décembre 2018 a saisi mercredi le parquet pour demander une réouverture de l'enquête, qui s'était achevée sur un non-lieu.
"Ce témoin direct" apporte bien "un témoignage nouveau car il n'a jamais été soumis au juge dans la phase de l'instruction", a expliqué à l'AFP Me Brice Grazzini, l'avocat de Maria (NDLR: un prénom d'emprunt), dans sa "requête aux fins de réouverture de l'information judiciaire sur charge nouvelle" adressée à André Ribes, procureur de la République adjoint de Marseille.
Dans ce document, dont l'AFP a pris connaissance, Me Grazzini assure que le quadragénaire "se trouvait juste au-dessus", dans son domicile, quand la jeune femme alors âgée de 19 ans a été rouée de coups par un groupe de policiers, en marge d'une manifestation à laquelle elle n'avait pas pris part et qui avait été marquée par des incidents.
Ce nouveau témoin de la scène, après les sept déjà interrogés lors de l'instruction, assure notamment avoir "vu un CRS donner un coup de pied en pleine tête à la victime": "Si on me montre des photos, je pourrais peut-être reconnaître un des policiers coupables", déclare-t-il.
L'information judiciaire ouverte le 25 juillet 2019 pour "violences volontaires aggravées et non assistance à personne en danger", trois mois après la plainte de Maria, s'est conclue par un non-lieu le 10 décembre 2020.
"Il n'a malheureusement pas été possible d'identifier les auteurs des violences", regrettait le juge d'instruction Karim Badène dans cette ordonnance que l'AFP a pu consulter, mais l'enquête a établi "sans l'ombre d'un doute que ces individus étaient tous des fonctionnaires de police".
Quant aux violences sur Maria, elles sont "d'autant plus inacceptables" qu'elles étaient "purement gratuites", insistait le magistrat.
Victime, entre autres, d'une fracture crânienne et d'une hémorragie cérébrale, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 21 ans, n'a jamais retrouvé une vie normale. Migraines, cauchemars, insomnies, troubles de la vue: "Je survis, mais je n'y arrive plus", expliquait-elle en décembre à l'AFP.
Au-delà de la déposition de ce nouveau témoin de la scène, Me Grazzini espère qu'une réouverture de l'enquête permettra de corriger des investigations initiales "nombreuses mais jamais approfondies", dans un dossier marqué par "une omerta évidente suintant de chacune des dépositions" des policiers.
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