Le salon aéronautique de Farnborough a débuté lundi sous la chaleur écrasante qui s'est abattue sur le Royaume-Uni, Boeing ouvrant le bal de commandes à l'occasion de ce premier rendez-vous majeur de l'aéronautique mondiale depuis la pandémie.
Visiteurs réfugiés dans les chalets climatisés, tarmac déserté et queues se formant devant le marchand de glaces pour les démonstrations en vol: les dizaines de milliers de personnes attendues tout au long des cinq jours se sont adaptés à l'alerte rouge "chaleur extrême" décrétée pour lundi et mardi, une première dans le pays.
"Les gens qui viennent nous rendre visite sont vraiment heureux de le faire, certains restent un peu plus longtemps qu'ils ne le feraient en temps normal", rigole John Paul Frazier, conseiller pour De Havilland Aicraft, dans le chalet de l'avionneur canadien qui construit notamment les bombardiers d'eau Canadair.
Avec 37 degrés annoncés, les terrasses sont désertées et beaucoup laissent tomber la veste pour arpenter le gazon roussi par le soleil quand ils se rendent sur le tarmac admirer les évolutions en vol des avions commerciaux et militaires.
Aaron Rutter a de nombreuses éditions du salon à son actif mais "c'est le plus chaud" qu'il ait connu. Et si quelques gouttes de sueur perlent sur son crâne alors qu'il admire les virages serrés du future gros porteur de Boeing, le 777x, il a gardé sa veste noire sur les épaules.
"On est quelques fous à l'avoir fait", s'amuse cet employé du fournisseur Lisi Aerospace pour qui cette canicule britannique est "toute relative": il vient d'Arizona.
Pour ce premier Farnborough depuis 2018 -ce salon bisannuel avait été annulé il y a deux ans pour cause de pandémie-, Boeing a ouvert le bal dans la traditionnelle rivalité des annonces de commandes avec son concurrent européen Airbus.
L'avionneur américain a annoncé la signature avec la compagnie américaine Delta Airlines d'une commande de 100 Boeing 737 MAX-10 ainsi que 30 options, représentant pour sa partie ferme un prix catalogue -jamais appliqué dans la réalité- de près de 13,5 milliards de dollars.
- Un démonstrateur du Tempest d'ici 5 ans -Le MAX-10 est la version la plus grosse de la nouvelle génération du monocouloir de Boeing. Il est destiné à concurrencer l'A321 d'Airbus, qui engrange les succès commerciaux.
La holding de la compagnie japonaise ANA a par ailleurs confirmé une commande à Boeing de 20 appareils 737 MAX-8, assortie de 10 options, représentant plus de 2,4 milliards de dollars au prix catalogue. Cette commande figurait déjà dans le carnet de commandes de Boeing, mais l'acquéreur n'avait pas été dévoilé.
Boeing totalisait au 30 juin 286 commandes depuis le début de l'année, quand Airbus en comptait 365, sans compter une commande groupée de quatre compagnies chinoises début juillet pour 292 A321.
Bien qu'affaiblies par la pandémie, les compagnies aériennes se préparent au rebond du trafic aérien -qui devrait plus que doubler d'ici 2050 par rapport à son niveau de 2019- et cherchent à renouveler leurs flottes avec des avions plus modernes et économes, consommant moins de carburant et donc émettant moins de CO2.
Sous pression de l'urgence climatique et le mouvement "Flygskam" (la honte de voler), le secteur aérien représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2 et s'est engagé au zéro émission nette à l'horizon 2050.
Le secteur devra répondre au défi de la décarbonation, a averti le Premier ministre Boris Johnson en inaugurant le salon.
A côté de la défense, c'est selon lui "l'autre grand défi: comment faire traverser l'Atlantique à un avion sans brûler des tonnes de kérosène".
Au-delà des développements technologiques et introduction graduelle de carburants d'aviation durables nécessaires à la décarbonation du secteur, Airbus et sept compagnies aériennes partenaires ont annoncé qu'elles allaient acheter 400.000 tonnes de crédits CO2 qui seront captés dans l'air et stockés à 2.000 mètres de profondeur au Texas, dans le plus gros site de stockage du monde actuellement en construction.
Dans un contexte d'augmentation des dépenses de défense à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, le gouvernement britannique a de son côté annoncé une nouvelle étape dans son programme de futur avion de combat, prévu pour 2035, en lançant un démonstrateur "qui volera d'ici 5 ans".
Cette sorte de pré-prototype doit servir à tester les technologies en développement pour ce programme, baptisé Tempest et auquel collaborent l'Italie, la Suède et le Japon.
dho-rfj-mra/ode/LyS
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