Depuis une dizaine d'années, ils terrorisent les populations du nord-ouest du Nigeria, attaquent des villages, volent du bétail et enlèvent sur les routes des personnalités locales ou des voyageurs contre rançon.

Ces derniers mois, ils ont attaqué à trois reprise des écoles, enlevant des dizaines, voire des centaines d'adolescents, provoquant une indignation mondiale.

Qui sont ces "Bandits", comme les appellent les autorités, ces groupes criminels qui ont fait de cette région extrêmement pauvre du Nigeria une zone de non-droit ?

A l'origine de la montée des violences, on retrouve la compétition féroce autour des ressources entre deux communautés, les éleveurs peul et les agriculteurs majoritairement haoussa.

Dans cette zone où la terre à cultiver ou pour le pâturage est de plus plus rare, les conflits se sont multipliés, et ces communauté ont mobilisé des groupes armés pour assurer leur protection.

Les autorités ont surnommé les groupes protégeant les éleveurs, des "bandits", et ceux protégeant les agriculteurs, "des comités de vigilance", milices de villageois armés.

Après des années de violences inter-communautaires, et des politiques foncières en faveur des agriculteurs, nombres d'éleveurs se sont appauvris. Et certains se sont tournés vers des activités criminelles, constate l'organisation International Crisis Group (ICG).

Ainsi, des groupes de malfaiteurs, composés de Peuls mais aussi de Haoussa et d'autres ethnies, se sont développés dans les forêts denses de l'Etat de Zamfara.

Ces bandes criminelles sont impliquées dans des vols de bétail, des enlèvements avec demande de rançon, et des vols à main armée.

Leur nombre est difficile à estimer, mais rien qu'à Zamfara, il y aurait environ 40 camps tenus par ces gangs criminels, selon les autorités loales.

Certains de ces groupes ont des centaines de combattants, d'autre quelques dizaines. En tout, ils seraient au moins 10.000.

La violence de ces bandes s'est ensuite étendue à cinq Etats voisins: à Kaduna, Katsina, Niger, Sokoto et Kebbi.

Ces groupes enlèvent principalement des individus dans les zones rurales, mais ils tendent aussi des embuscades aux voyageurs sur les routes, tuant ceux qui résistent ou ceux dont les familles ne parviennent pas à payer les rançons.

Entre 2011 et 2019, 3.600 personnes ont été kidnappées dans le seul État de Zamfara, ces violences ont causé la mort de quelque 8.000 personnes et ont déplacé plus de 200.000 civils, selon les estimations d'ICG.

Ces gangs attaquent, pillent des villages, rasent des maisons, incendient des granges, enlèvent et violent également des femmes.

Ces dernières années, ils ont également multiplié les attaques contre les personnes travaillant dans les mines d'or artisanales, en particulier à Zamfara.

Depuis quelques mois, certains de ces groupes ont commencé à cibler des écoles. En moins de trois mois, quatre enlèvements de masse d'écoliers, dont trois directement dans leur établissent, ont eu lieu dans la région.

Le dernier date de la semaine dernière, lorsque l'une de ces bandes a enlevé 279 adolescentes dans un pensionnat de Zamfara, avant de les libérer quatre jours plus tard.

Ces groupes agissent pour l'appât du gain, et a priori sans motivation idéologique.

Mais de nombreux experts ont mis en garde contre leur rapprochement avec des groupes jihadistes présents dans le nord-est du pays, à des centaines de kilomètres.

Certains de ces groupes ont prêté allégeance en 2019 au chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, d'autres se réclament du groupe Etat islamique en Afrique de l'Ouest ou encore au groupe lié à Al-Qaïda, nommé Ansaru.

En décembre dernier, 344 adolescents avaient été enlevés de leur pensionnat de Kankara dans l'Etat de Katsina par plusieurs groupes criminels. Le rapt avait ensuite été revendiqué par Boko Haram dans une vidéo.

Les adolescents avaient toutefois été libérés une semaine plus tard après des négociations entre les gangs criminels et les autorités, qui avaient nié l'implication de Boko Haram dans ce kidnapping.

Dès 2016, le gouvernement central a déployé des troupes et des avions de combat dans les États de Zamfara et de Katsina pour combattre ces gangs.

En novembre 2020 il a bombardé l'un des camps de bandits installé sur un axe routier stratégique dans l'Etat de Kaduna.

Mais ces frappes militaires restent limitées comparées à celles qui visent les groupes jihadistes dans le nord-est du Nigeria, qui reste la priorité de l'armée.

Au niveau local, les autorités de Zamfara, tentent eux de négocier avec ces gangs des accords d'amnistie en échange de la remise de leurs armes.

En février, cet Etat avait par exemple amnistié le responsable du rapt des 344 adolescents de Kankara, un chef de groupe armé, également marchand d'armes auprès de Boko Haram,

Mais ces accords sont très critiqués. Pour certains, ils favorisent l'impunité, et encouragent un cycle infernal de violences.

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