Le Mouvement 5 Etoiles, qui compte un tiers des parlementaires italiens, a décidé mercredi de suspendre son éventuel soutien à Mario Draghi jusqu'à la publication de son programme, au risque de retarder la formation du gouvernement.
Le M5S (M5S, antisystème jusqu'à son arrivée au pouvoir) avait initialement prévu un vote en ligne, de mercredi 12H00 GMT à jeudi 12H00 GMT, pour permettre à ses militants de décider si le mouvement doit soutenir le gouvernement que l'ex-président de la Banque centrale européenne tente de former.
Mercredi matin, un message sur le blog du parti a annoncé que "le vote prévu sur le gouvernement (...) est temporairement suspendu. Les nouveaux horaires de vote seront annoncés plus tard".
Cette décision intervient après la publication d'un message surprise mardi soir sur Facebook de Beppe Grillo, fondateur du M5S, alors que le mouvement s'acheminait vers un soutien à un gouvernement Draghi.
Evoquant sa rencontre avec Mario Draghi lors des consultations pour tenter de former une majorité gouvernementale, Beppe Grillo a dit: "Moi j'attendrais qu'il fasse publiquement les déclarations qu'il a nous a faites à nous".
Assurant que M. Draghi était d'accord avec le M5S sur la majorité des sujets brûlants, Beppe Grillo a poursuivi: "Attendons qu'il dise publiquement ce qu'il veut faire parce qu'il n'a pas encore les idées claires, personne ici n'a les idées claires". "Je vous demande un instant de patience", a conclu le patron indiscuté du M5S.
Cette décision du mouvement ralentit de fait la formation du gouvernement dont l'Italie, frappée par la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 92.000 morts et plongé l'économie du pays dans la plus grave récession depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, a un besoin urgent.
Selon les médias, le vote des inscrits du M5S pourrait se dérouler soit vendredi, soit pendant le weekend.
Mario Draghi, qui a jusqu'à présent encaissé le soutien de presque tous les partis, à l'exception des Frères d'Italie (FDI, extrême droite), n'avait pas réagi mercredi matin publiquement à ce contretemps.
Mais le temps presse car certaines mesures importantes et impopulaires dans le cadre de la lutte contre l'épidémie de Covid-19, comme l'interdiction de se déplacer entre les régions ou le couvre-feu, expirent lundi et un nouveau décret du gouvernement est indispensable pour éventuellement les prolonger.
Théoriquement, au vu de son impact, ce décret ne peut pas être pris par le gouvernement démissionnaire de Giuseppe Conte, qui n'expédie que les affaires courantes et ne dispose plus de la légitimité nécessaire.
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