Les critiques adressées par le chancelier autrichien Sebastian Kurz à l'encontre de la justice après une perquisition chez l'un de ses ministres ont suscité "l'indignation" chez les magistrats du pays, inquiets pour leur indépendance.
L'association des juges a ainsi qualifié dans la presse mercredi les propos du dirigeant de "tout à fait inappropriés", tandis que les procureurs évoquaient des "insinuations provoquant l'indignation".
L'opposition s'est elle aussi émue pour "l'indépendance de la justice" dans ce pays membre de l'Union européenne (UE) qui compte 8,9 millions d'habitants.
Lundi, le conservateur Sebastian Kurz avait déclaré, à l'occasion d'une conférence de presse, qu'il y avait eu "tellement de fautes professionnelles" au sein du parquet qu'il fallait "y apporter des changements en urgence".
Il réagissait à la perquisition ordonnée jeudi au domicile du ministre conservateur des Finances Gernot Blümel, soupçonné d'être impliqué dans le financement occulte du parti conservateur ÖVP par le géant mondial des jeux d'argent Novomatic.
Qu'un chancelier s'en prenne au parquet "parce que l'un de ses amis" a eu à faire aux procureurs est "honteux", a réagi le constitutionnaliste Heinz Mayer auprès du quotidien de gauche Der Standard.
Dans son éditorial, le journal Tiroler Tageszeitung s'insurgeait aussi, écrivant que "le sommet de l'Etat" ne devait pas "saper la confiance des citoyens" en la justice.
Depuis janvier 2020, Sebastian Kurz gouverne l'Autriche en coalition avec les Verts, qui ont obtenu pour la première fois le ministère de la Justice, occupé auparavant par les conservateurs depuis 2008.
Mercredi, le groupe parlementaire conservateur a demandé au ministère dans une question écrite de justifier les éléments ayant conduit à cette perquisition.
bg/anb/mba