Une université de Hong Kong a renoncé vendredi à une exposition du World Press Photo, quelques jours avant son ouverture, invoquant des raisons sanitaires et de sécurité.
La décision de la Baptist University intervient au moment où Pékin et les autorités locales ont entrepris une reprise en main du territoire semi-autonome.
Le World Press est un concours de photojournalisme qui récompense chaque année les meilleurs photos faites à travers la planète.
Le photographe de l'AFP Yasuyoshi Chiba a remporté en 2020 ce concours prestigieux pour une image d'un jeune homme récitant un poème au milieu de manifestants réclamant un régime civil à Khartoum, au Soudan.
Des photos des manifestations prodémocratie de 2019 à Hong Kong, prises par le photographe de l'AFP Nicolas Asfouri et également récompensées, devaient être exposées.
"Après avoir pris en compte la sécurité du campus et la nécessité de maintenir le contrôle de la pandémie, la Basptist University de Hong Kong (HKBU) considère que le moment n'est pas opportun pour organiser l'exposition du World Press 2020 sur son campus", a déclaré l'université dans un bref communiqué.
Elle n'a pas précisé quelle était la nature de ses craintes en termes de sécurité.
Robin Ewing, directrice du département journalisme de la HKBU, s'est dite "déçue que nos étudiants et les habitants de Hong Kong ne puissent pas voir l'exposition".
"La décision a été prise au plus haut niveau de l'université", a-t-elle affirmé à l'AFP.
Dans un communiqué publié sur son compte Facebook, le comité d'organisation du World Press Photo Exhibition à Hong Kong a confirmé que la HKBU s'est retirée trois jours avant le début de l'exposition.
"Nous le regrettons pour Hong Kong et pour tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce projet", ont déclaré les organisateurs.
De son côté, Chris Yeung, président de l'Association des journalistes de Hong Kong, a qualifié cette annulation de "décevante et inquiétante".
Ce n'est pas la première fois qu'une exposition du World Press Photo se heurte à des difficultés sur les territoires semi-autonomes que sont Hong Kong et Macao.
En octobre, une exposition annuelle du World Press Photo montrant des images des manifestations prodémocratie de 2019 à Hong Kong avait été fermée à Macao sans explications.
Jusque-là, cette exposition s'était tenue chaque année depuis 2008 sans aucun problème dans l'ex-colonie portugaise.
Anciennes colonies, Macao et Hong Kong ont pu bénéficier de libertés inconnues en Chine continentale quand elles ont été rétrocédées à ce pays. Mais beaucoup craignent que celles-ci soient en train de disparaître alors que Pékin resserre son emprise.
En juin, Pékin a ainsi imposé à Hong Kong une loi drastique sur la sécurité nationale qui a conduit à l'arrestation d'une centaine de militants pro-démocratie, parmi lesquels le magnat de la presse Jimmy Lai.
Le président de l'Association des journalistes de Hong Kong voit dans l'annulation de l'exposition un nouveau "signe de l'effet de plus en plus dissuasif de la loi de sécurité nationale sur les libertés au sein des universités et de la société en général".
Un des articles de cette législation demande aux autorités de "renforcer la gestion" des médias internationaux.
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