La France compte environ 500 petits groupes sectaires, un phénomène qui touche 140.000 personnes, principalement des femmes et des habitants de départements ruraux, indique la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, dans une interview à l'hebdomadaire français L'Obs publiée mercredi.
"Les sectes aujourd'hui, ça n'est plus ou plus seulement l'église de Scientologie ou le Temple solaire, mais beaucoup de petits groupes. On en dénombre 500 en France", explique la ministre déléguée en présentant un rapport réalisé par des enquêteurs de la police, de la gendarmerie et la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Dans les rangs de ces 500 "petits groupes", se trouvent 140.000 personnes dont 90.000 enfants et adolescents, indique-t-elle. Toutes les classes sociales sont concernées, mais les femmes, "plus souvent en situation de précarité ou victimes de prédations sexuelles, sont particulièrement touchées".
La dérive sectaire repose sur "trois piliers": une idéologie, un gourou et un phénomène d'emprise.
En 2020, la Miviludes a reçu 3.000 signalements (contre 2.800 en 2019), dont 700 ont été évalués comme sérieux.
Environ 40% concernent des questions de santé ou de bien-être et 25% des mouvements religieux.
Une vingtaine de procédures judiciaires ont été engagées contre des personnes qui ont profité de la crise sanitaire pour développer en France une emprise sectaire, selon la ministre.
Marlène Schiappa liste des "nouvelles tendances", comme les stages de jeûne extrême ou les stages survivalistes. Elle évoque Thierry Casasnovas, "un théoricien du crudivorisme (consommer les aliments crus) qui diffuse des thèses complotistes". Cette "personnalité", dont la chaîne YouTube compte plus de 500.000 abonnés, "fait l'objet d'une enquête pour mise en danger de la vie d'autrui", explique-t-elle.
Il y a également QAnon, un mouvement complotiste pro-Trump, venu des Etats-Unis et apparu il y a deux ans en France. Le groupe Facebook QAnon France compte 30.000 personnes.
Le rapport note "une surreprésentation des départements ruraux", où "il y a moins de services publics", dans le paysage sectaire. Les réseaux sociaux jouent un rôle primordial, permettant aux "gourous" de recruter "des personnalités fragiles isolées", note Marlène Schiappa.
Elle assure qu'elle va "renforcer" la Miviludes --à la tête de laquelle va être nommée une magistrate, Hanène Romdhane-- en y rattachant des agents du ministère des Finances notamment "pour lutter contre les détournements d'argent".
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