Le parlement grec a adopté jeudi soir un projet de loi créant une police spéciale dans les universités, malgré les nombreuses manifestations parfois violentes des étudiants qui s'y opposent depuis un mois.
Les députés de la majorité gouvernementale de droite Nouvelle-Démocratie et ceux du parti nationaliste Elliniki Lyssi ont voté en faveur de ce projet de loi, soit au total 166 députés contre 132 de l'opposition qui ont voté non.
Pendant le débat, un millier de personnes, selon la police, ont manifesté devant le parlement contre cette mesure, la qualifiant d'"antidémocratique".
"Ce n'est pas la police qui entre dans les universités mais la démocratie", a promis le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis à l'Assemblée. C'est "un moyen de fermer la porte à la violence et ouvrir la voie à la liberté", a-t-il ajouté.
A Thessalonique (nord) des incidents ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre, selon l'Agence de presse grecque, Ana.
Mercredi, 5.000 personnes avaient défilé à Athènes lors de la plus importante manifestation de ces dernières semaines, qui a été émaillée par des incidents.
La police a fait usage de gaz lacrymogènes et arrêté 24 personnes poursuivies pour "détention et usage d'explosifs", selon une source judiciaire. Trois policiers ont été hospitalisés, selon les autorités, alors que les organisateurs ont déploré quatre blessés.
Les députés des partis d'opposition, du centre-gauche Kinal à la gauche Syriza et le parti communiste KKE, ont voté contre le projet de loi, estimant que la police dans les universités irait à l'encontre du principe européen d'autogestion de ces établissements et critiquant le tour de vis "sécuritaire" du gouvernement.
Selon la nouvelle loi, ce corps policier d'un millier de personnes, en tenue spéciale et sans armes à feu mais munis de matraques et de gaz anesthésiants, effectuera des patrouilles dans les universités.
Comme dans plusieurs pays européens, les universités en Grèce sont autogérées et la police n'était jusqu'ici autorisée à y intervenir que sur demande du rectorat.
Les universités sont souvent théâtre de violences: la photo de l'agression en octobre dernier du recteur de l'Université d'Economie à Athènes par un groupe de jeunes, qui lui avait fait porter autour du cou un panneau indiquant "Solidarité avec les occupations", avait fait le tour des réseaux sociaux et choqué l'opinion publique.
Mais l'instauration d'une police universitaire est un sujet délicat en Grèce depuis la répression dans le sang le 17 novembre 1973 par l'armée et la police d'un mouvement étudiant à l'Ecole Polytechnique d'Athènes contre la junte des colonels.
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