Le milliardaire Thanathorn Juangroongruangkit, figure de l'opposition thaïlandaise, a été inculpé mardi de diffamation envers la monarchie pour avoir questionné la stratégie de vaccination du royaume contre le Covid-19.
La législation thaïlandaise sur le lèse-majesté punit jusqu'à quinze ans de prison les insultes, critiques, ou diffamations envers le roi Maha Vajiralongkorn et sa famille.
Fondateur du parti dissous Future Forward, Thanathorn Juangroongruangkit se voit reprocher d'avoir mis en doute en janvier, dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, la stratégie de vaccination anti-Covid de la Thaïlande, trop dépendante selon lui de la société Siam BioScience, détenue par le Crown property bureau, bras financier de la monarchie.
Un tribunal de Bangkok a inculpé mardi le milliardaire du crime de lèse-majesté ainsi que d'un crime informatique lié à la vidéo.
"Cela a eu un résultat positif, d'encourager le gouvernement à revoir sa politique de vaccination pour gérer la situation du Covid-19. Il n'y a rien dont il faille s'inquiéter", a assuré le milliardaire à l'extérieur du tribunal. La prochaine audience est fixée au 7 mai.
Selon lui, la police "n'a fourni aucune citation ni rien de spécifique. C'était une accusation générale pour s'être exprimé sur Facebook".
La Thaïlande a commandé 61 millions de doses du vaccin du groupe suédo-britannique AstraZeneca et Siam BioScience prévoit d'en fabriquer 200 millions de doses annuelles destinées au royaume et à la région environnante.
La plainte contre Thanathorn Juangroongruangkit s'inscrit dans une série d'actions judiciaires envers lui et et d'autres députés élus sous l'étiquette Future Forward.
Créé en 2018, ce mouvement a connu une ascension fulgurante, s'imposant comme la troisième force politique du pays aux législatives de 2019 - les premières depuis le coup d'Etat de 2014 - avec les voix notamment de jeunes Thaïlandais inquiets du rôle joué par l'armée dans la vie politique. Mais la justice l'a dissous l'année dernière, Thanathorn Juangroongruangkit et d'autres responsables de la formation étant bannis de la vie politique.
Cette dissolution a nourri le mécontentement et contribué à lancer le mouvement pro-démocratie en 2020. Depuis le début de ce mouvement en juillet, plus de 70 personnes ont été inculpées pour lèse-majesté aux termes de l'article 12 du code pénal, un texte qui n'était plus utilisé depuis plus de deux ans et que les autorités ont ressorti face à la contestation marquée jusqu'en décembre par d'imposantes manifestations avant d'être entravée par une nouvelle vague de coronavirus.
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