Une première en France pour une femme: la dessinatrice Coco va devenir la caricaturiste attitrée du journal Libération, l'un des principaux quotidiens nationaux.

Jacques Faizant "au Figaro, #Plantu au Monde, #Wolinski à l'Huma... Pour la première fois LE dessinateur de presse d'un grand quotidien national est UNE dessinatrice", s'est félicité sur Twitter le directeur général de Libération, Denis Olivennes.

La dessinatrice de 38 ans, qui fait partie des survivants de la tuerie de Charlie Hebdo en 2015 à Paris, remplacera début avril le Néerlandais Willem qui prendra sa retraite du quotidien, à la veille de son 80e anniversaire.

"Prendre la suite de Willem et en plus à Libération, c'est un honneur qui ne se refuse pas", commente Coco, citée dans le communiqué.

"Je ne dis pas +remplacer+ car on ne remplace pas un génie du dessin. Alors je vais faire de mon mieux, cher Willem. Je vais bosser, me cultiver, oser, m'amuser, dégommer. Et surtout: être libre et dessiner. Dans deux titres fameux et d'ailleurs liés", ajoute-t-elle.

Corinne Rey, alias Coco, continuera parallèlement de travailler pour Charlie Hebdo qu'elle a rejoint en 2008, ont annoncé les deux titres à l'AFP.

Libération avait accueilli la rédaction de Charlie à deux reprises, en 2011 après l'incendie de ses locaux, et en 2015 après les attentats de janvier qui ont décimé la rédaction de l'hebdomadaire satirique.

Le 7 janvier 2015, Coco avait composé le code de la porte d'entrée de Charlie Hebdo sous la menace d'une kalachnivov, ce qui a permis aux frères Chérif et Saïd Kouachi de perpétrer leur carnage, comme elle l'avait raconté dans un témoignage bouleversant lors du procès de ces attaques l'an dernier.

Dans "Dessiner encore", un récit graphique à paraître le 11 mars, elle dépeint le traumatisme et le sentiment de culpabilité qui ont suivi, son travail avec un psy... "Aujourd'hui, je peux dire qu'il n'y pas d'autres responsables que les terroristes, c'est évident, mais toujours en soi on regrette quelque chose, on y repense toujours avec quelque chose qui vous bouleverse le coeur", a-t-elle déclaré lundi sur la radio France Inter.

La dessinatrice va relever un nouveau défi en succédant à Willem, dont Libération salue le "génie graphique" et l'"humour provocateur", mis "au service du projet libertaire du quotidien".

Né Bernhard Willem Holtrop, le 2 avril 1941 à Ermelo aux Pays-Bas, il avait participé au mouvement anarchiste Provo et fondé un magazine satirique (God, Nederland & Oranje) qui s'était attiré les foudres de la censure en raison de ses dessins corrosifs (l'un montrait la reine sous les traits d'une prostituée) et s'était arrêté en 1968, l'année où il s'était installé en France.

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