La Turquie a rejeté jeudi les critiques des Etats-Unis à propos de la répression de manifestations d'étudiants et des attaques du président Recep Tayyip Erdogan contre les LGBT, dénonçant une "ingérence" dans ses affaires intérieures.
"Il n'appartient à personne de (...) s'ingérer dans les affaires intérieures de la Turquie", a déclaré dans un communiqué le ministère turc des Affaires étrangères, appelant à "se garder de tout discours encourageant des actions illégales".
Depuis plus d'un mois, des étudiants manifestent dans plusieurs villes de Turquie contre la nomination, le 1er janvier, d'un recteur proche du pouvoir à la tête de la prestigieuse Université du Bosphore (Bogazici en turc).
M. Erdogan a assimilé mercredi les manifestants à des "terroristes" et vivement critiqué les LGBT, dont les droits sont devenus une revendication de la contestation après l'arrestation d'étudiants accusés d'avoir insulté l'islam pour avoir organisé une exposition artistique incluant une représentation d'un site sacré de l'islam orné de drapeaux arc-en-ciel.
"LGBT, il n'y a rien de tel. Ce pays est patriotique et moral. Nous avançons vers l'avenir avec ces valeurs", a lancé mercredi le président turc.
En réaction, les Etats-Unis ont exprimé le même jour leur "préoccupation" au sujet de la multiplication des arrestations ces derniers jours et "condamné fermement la rhétorique" contre les minorités sexuelles en Turquie.
Sans réagir aux critiques sur les propos anti-LGBT, le ministère turc des Affaires étrangères a appelé les pays condamnant Ankara à "se regarder dans le miroir", ajoutant que "les images d'un usage disproportionné de la force contre des civils dans de nombreux pays considérés comme des démocraties développées sont encore dans les mémoires".
La police turque a interpellé cette semaine plusieurs centaines de manifestants et fait usage de la force pour disperser ces rassemblements qui ne montrent aucun signe d'essoufflement.
Le ministère turc de l'Intérieur a déclaré jeudi que sur les 528 personnes arrêtées en lien avec les manifestations, 498 avaient été relâchées, dont 108 sous contrôle judiciaire, et deux placées en détention préventive.
Cinq autres personnes ont cependant été arrêtées jeudi matin et la police était à la recherche de trois autres suspects, selon le bureau du gouverneur d'Istanbul.
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