Une école privée en Inde fait l'objet d'une enquête de police, en vertu d'une loi controversée sur la conversion religieuse, pour avoir organisé des prières multiconfessionnelles y compris la profession de foi islamique, a indiqué mardi un officier de police indien.
"Nous avons agi à la suite d'une plainte déposée par des parents hindous qui s'opposaient aux prières islamiques", a déclaré à l'AFP Nishank Sharma, commissaire adjoint de la police de Kanpur (nord de l'Inde).
Selon l'officier de police, une enquête a été ouverte mais aucune arrestation n'a encore eu lieu. La directrice de l'école internationale Florets fait l'objet d'une enquête en vertu de la loi pour outrage aux croyances religieuses.
D'après des plaintes de parents hindous, l'école "préparait" les élèves à se convertir à l'islam.
Cette école se trouve dans l'État de l'Uttar Pradesh, gouverné par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), qui a adopté l'an dernier une loi criminalisant toutes les conversions religieuses sans l'approbation préalable de l'État. Cette loi, selon ses détracteurs, vise avant tout les musulmans.
L'école a réfuté avoir pour projet la conversion religieuse, en insistant sur le fait que les prières multiconfessionnelles étaient organisées depuis plus de dix ans dans l'établissement, dans le but d'inculquer un sentiment d'harmonie religieuse entre les élèves.
"Nous suivons cette tradition depuis 2003, mais personne ne s'y est opposé. Nous avons interrompu les prières quand certains parents se sont plaints vendredi", a déclaré à la presse la directrice de l'école, Ankita Yadav.
Des images des élèves de l'école récitant des prières et des textes de quatre grandes religions (hindouisme, islam, christianisme et sikhisme) ont été diffusées dans une vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux.
Et plusieurs organisations hindoues de droite et des parents hindous ont organisé des manifestations dans la ville le week-end dernier.
La conversion religieuse est depuis longtemps un sujet sensible en Inde, pays à majorité hindoue mais qui compte également la deuxième plus grande population musulmane du monde.
Les tensions communautaires sont parfois vives et, ces dernières années, les groupes extrémistes hindous ainsi que les gouvernements locaux dirigés par le BJP, parti du Premier ministre Narendra Modi, ont intensifié leurs attaques contre le prosélytisme.
De nombreux États gouvernés par le BJP ont adopté des lois contre la conversion religieuse, des groupes de droite hindous affirmant que des groupes islamiques conspiraient afin de convertir les hindous et d'accroître la population musulmane de l'Inde.
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