Le PDG d'Alstom Henri Poupart-Lafarge veut "s'asseoir autour de la table" pour discuter du contrat de renouvellement des trains du RER B francilien, que son groupe a bloqué en justice.
"Depuis le départ, Alstom a des doutes sur la viabilité technique et financière de l'offre qui a été faite par Bombardier", qui est depuis vendredi propriété du groupe français, a expliqué M. Poupart-Lafarge lundi sur Franceinfo.
Le contrat a été négocié par la direction sortante de Bombardier avec un concurrent, et "c'est nous maintenant qui devons l'exécuter", a-t-il ajouté.
Un consortium composé de Bombardier Transport et de l'espagnol CAF a été choisi en décembre face à Alstom pour fournir 146 nouveaux trains destinés à la ligne B du RER, un contrat de 2,56 milliards d'euros.
Mais Alstom a déposé plusieurs recours en référé, empêchant la signature du contrat avant sa prise de contrôle de Bombardier Transport au grand dam de la présidente d'Ile-de-France Mobilités Valérie Pécresse.
"Tous ces recours sont dilatoires", a jugé jeudi Mme Pécresse.
"Ma crainte, et c'est une crainte partagée par la RATP, la SNCF et Ile-de-France Mobilités, c'est que ces recours nous fassent prendre vraiment beaucoup, beaucoup de retard sur la commande, ce serait au détriment des voyageurs et ce n'est pas acceptable", a-t-elle déploré jeudi.
"Ce que nous demandons tout simplement, c'est de s'asseoir deux semaines, trois semaines autour de la table pour vérifier ensemble avec la RATP (organisatrice de l'appel d'offres, ndlr) et l'Ile-de-France si oui ou non cette offre est faisable", a plaidé M. Poupart-Lafarge lundi.
Alstom a déposé lundi une demande de médiation auprès du Tribunal administratif "de façon à arrêter les compteurs".
"Un contrat comme celui-là, ça dure une dizaine d'années. Avant de s'avancer dans cette aventure, s'asseoir autour de la table pendant quinze jours, je trouve que ce n'est pas du luxe", a-t-il souligné.
Alstom a finalisé vendredi l'achat au groupe canadien Bombardier de ses activités de construction ferroviaires, pour 5,5 milliards d'euros.
Le groupe français est désormais numéro deux mondial du secteur, avec un chiffre d'affaires combiné de 15,7 milliards d'euros.
Mais il hérite aussi de Bombardier "des contrats qui connaissent des difficultés" avec des retards de livraison, des pénalités à payer et souvent des problèmes de rentabilité, avait-il remarqué dans un entretien à l'AFP vendredi.
liu/as/it
ALSTOM
BOMBARDIER
CAF