Les parlementaires se sont majoritairement exprimés mercredi contre l'arrivée de l'ancienne ministre Emmanuelle Wargon à la tête de la Commission de régulation de l'énergie (CRE), mais n'ont pas réuni la majorité qualifiée nécessaire pour faire capoter cette nomination souhaitée par l'Élysée.
Mme Wargon a recueilli au total 43 voix pour et 48 contre sa nomination au sein des deux chambres, selon un décompte transmis à l'AFP par les services du Sénat.
Selon la Constitution, les parlementaires doivent toutefois réunir "au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés" pour s'opposer à une nomination proposée par le président.
Dans le détail, la candidate a réuni au Sénat 13 voix pour, 20 voix contre et 1 bulletin blanc. A l'Assemblée, son nom a recueilli 30 voix pour, 28 voix contre et 2 abstentions.
Mme Wargon avait été proposée en juillet par l'Élysée pour présider la CRE, l'autorité indépendante chargée de garantir le bon fonctionnement des marchés français de l'énergie "au bénéfice du consommateur", une mission d'autant plus importante actuellement avec la crise sur les marchés internationaux.
Après l'annonce du résultat du vote, le député RN Nicolas Meizonnet a dénoncé mercredi un "recasage au forceps" jugé "scandaleux". "Elle se verra nommée quand même selon la règle des 3/5e", alors qu'une "majorité de parlementaires" s'oppose à sa nomination, a-t-il regretté sur Twitter.
"Je fais le voeu que l'indépendance l'emporte dans les futures décisions!", a de son côté plaidé la sénatrice LR Marta de Cidrac.
Emmanuelle Wargon, 51 ans, a été pendant le dernier quinquennat secrétaire d'État à l'Ecologie (2018-2020), puis ministre du Logement (2020-2022). Candidate aux législatives dans le Val-de-Marne en juin dernier, elle avait été battue au premier tour.
Mme Wargon doit succéder à la tête de la CRE à Jean-François Carenco, nommé ministre délégué à l'Outre-mer.
Auditionnée mercredi matin par les parlementaires, elle les a assurés de son indépendance. "J'ai tourné une page, je me suis engagé politiquement, cet engagement prend fin avec cette nomination", a dit Mme Wargon, qui dit vouloir diriger la CRE "en toute liberté".
Elle a au passage cité des exemples d'anciens ministres devenus dirigeants d'autorités indépendantes, comme Jean-Pierre Jouyet à l'AMF ou Jacques Toubon comme Défenseur des droits.
Mme Wargon a esquissé trois enjeux: "la sécurité d'approvisionnement et la souveraineté énergétique", la "protection des consommateurs et la compétitivité de nos entreprises" et "l'accélération de la transition écologique".
"Pour atteindre tous ces objectifs, nous devons travailler sur la sobriété et l'efficacité, le développement des énergies renouvelables et sur l'appui sur le nucléaire", a-t-elle exposé.
"Je suis favorable à l'électricité nucléaire, clairement", "à la fois sur le maintien des réacteurs existants et sur le développement du nouveau nucléaire", a-t-elle précisé.
A cet égard, elle s'est justifiée au sujet de l'arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim en 2020, alors qu'elle était au gouvernement, très critiqué par la droite notamment. "La décision de fermeture de Fessenheim avait été prise longtemps auparavant", a-t-elle fait valoir.
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