Le président du cabinet d'audit KPMG pour le Royaume-Uni s'est mis en retrait le temps d'une enquête interne sur des propos demandant à son personnel d'"arrêter de se plaindre" des conditions de travail du fait de la pandémie, a déclaré un porte-parole mercredi.
La polémique autour de ses déclarations est née à la suite d'un article du Financial Times évoquant une réunion virtuelle de KPMG lundi à laquelle participait 1.500 salariés et qui portait sur l'impact de la pandémie sur les conditions de travail.
Selon deux d'entre eux, cités anonymement par le quotidien des affaires, Bill Michael a demandé aux salariés d'"arrêter de se plaindre" et de ne pas "jouer la carte de la victime".
Des salariés avaient au préalable partagé leurs inquiétudes sur une possible baisse de leurs salaires et bonus, ainsi que sur la manière dont KPMG mesure la performance, en classant chaque individu d'une équipe du meilleur au moins bon.
Un porte-parole de KPMG a indiqué mercredi soir que le cabinet prenait "cette affaire très au sérieux et avait "ouvert une enquête indépendante sur ces commentaires présumés". "M. Michael a décidé de se mettre en retrait de ses fonctions de président pendant que l'enquête est en cours", a-t-il ajouté.
Auparavant, le dirigeant avait présenté ses excuses. "Je suis désolé des mots que j'ai utilisés, qui ne reflètent pas ce en quoi je crois, et j'ai présenté mes excuses à mes collègues", a-t-il dit, dans une déclaration transmise mercredi à l'AFP.
"Veiller au bien-être de nos collaborateurs et créer une culture où chacun peut s'épanouir est de la plus haute importance pour moi et est au coeur de tout ce que nous faisons en tant qu'entreprise", a-t-il ajouté.
L'incident a eu lieu après la publication la semaine dernière des résultats annuels (achevés fin septembre) du cabinet d'audit au Royaume-Uni.
Ils montraient que ses 582 associés ont vu leur salaire reculer de 11% à 572.000 livres sur l'année en moyenne, une mesure destinée selon le groupe à faire des économies et à protéger des emplois.
M. Michael a lui vu sa rémunération baisser de 14%, à 1,7 million de livres.
Le chiffre d'affaires britannique du cabinet, qui emploie près de 16.000 personnes dans le pays, a baissé de 4% à 2,3 milliards de livres, pénalisé par le conseil et les affaires juridiques et fiscales, tandis que l'audit a résisté.
KPMG est, aux cotés de PwC, EY et Deloitte, l'un des quatre grands cabinets qui dominent le marché de l'audit et sont surnommés le "Big Four".
Mais la réputation du secteur a été ternie au Royaume-Uni par une série de scandales comptables ces dernières années, ce qui a entraîné des propositions de réforme pour créer plus de concurrence et éviter les conflits d'intérêts.
Le gouvernement britannique, qui tarde à se prononcer sur le sujet, devrait néanmoins dévoiler prochainement des mesures.
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