Le Royaume-Uni a publié mardi dans le cadre du salon aéronautique de Farnborough une stratégie destinée à atteindre la neutralité carbone dans l'aviation britannique et les aéroports anglais d'ici 2040, s'attirant des critiques de syndicats et ONG.

"Nous voulons qu'on se souvienne de 2019 comme l'année du pic pour les émissions (de CO2, ndlr) dans l'aviation", a déclaré le ministre des Transports Grant Shapps, cité dans un communiqué publié mardi, alors que le Royaume-Uni fait face à une vague de chaleur historique.

Ce plan prévoit ainsi un maintien des émissions de CO2 sous leurs niveaux d'avant la pandémie.

L'aviation est responsable d'environ 2,5% des émissions de CO2 mondiales. Elle contribue aussi à hauteur de 22 milliards de livres à l'économie britannique et cette stratégie entend renforcer la résilience du secteur.

Le plan fixe six priorités, dont une amélioration de l'efficacité énergétique pour faire baisser la consommation en carburant des avions et aéroports.

Elle établit aussi une nouvelle règle exigeant qu'au moins 10% de carburants d'aviation durables (SAF) - fabriqués à partir de déchets ménagers, d'huile de cuisson usagée, notamment - soient injectés dans les carburants traditionnels d'aviation d'ici la fin de cette décennie.

"En moyenne, les SAF permettent d'éviter plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre comparé à du kérosène traditionnel", assure le communiqué.

Le gouvernement parle encore de "développer les avions zéro émissions" de CO2. Pour cela, il faut développer des carburants synthétiques à base d'hydrogène, l'électrification des appareils ou encore la combustion directe d'hydrogène dans le moteur, toutes des technologies encore très expérimentales.

La CBI, plus grande organisation patronale britannique, a estimé que "l'industrie sera stimulée par cette stratégie ambitieuse" mais a appelé le gouvernement à accélérer le rythme.

L'ONG écologiste Greenpeace se montrait plus critique: "de vagues aspirations à l'innovation technologique ne feront rien de notable pour faire baisser les émissions de CO2 à court ou moyen terme et cette stratégie consiste à laisser l'aviation polluer autant qu'elle veut puis à faire de la compensation carbone à tour de bras": "ça ne va pas marcher".

L'association qui lutte contre la construction d'une troisième piste à l'aéroport d'Heathrow, 3d Runway Coalition, estime que le plan du gouvernement s'appuie sur des technologies qui en sont à leurs "balbutiements" au mieux et affirme que revenir sur le projet d'une piste supplémentaire à Heathrow serait "la manière la plus simple d'aider le secteur à atteindre ses cibles de neutralité carbone".

Quant au syndicat de pilotes Balpa, il estime que "malgré des objectifs ambitieux" la stratégie du gouvernement "rate des étapes importantes pour rendre l'aviation vraiment durable".

Les émissions de CO2 ne représentent notamment qu'environ "un tiers des émissions à effet de serre globale de l'aviation" et la stratégie ne prend donc pas en compte les effets non liés au CO2.

La stratégie, dénonce aussi le syndicat, "s'appuie trop fortement sur des technologies qui n'ont pas fait leurs preuves et dont le coût n'est pas réellement mesuré".

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