Les oppositions de gauche et de droite se sont unies jeudi soir pour critiquer les dispositions du projet de loi pour le pouvoir d'achat qui facilitent un recours aux énergies fossiles pour faire face aux risques de pénurie liée à la guerre en Ukraine.
Après plusieurs jours de débat consacrés aux primes ou au plafonnement des loyers, les députés ont commencé à examiner ce volet du texte qui vise à "sécuriser l'approvisionnement énergétique" du pays selon l'exécutif mais serait "brouillon et climaticide" selon LFI et n'apporterait que des "solutions de bout de chandelle" selon LR.
Le projet autorise notamment le relèvement, sous conditions et par décret, du plafond d'émissions de gaz à effet de serre afin d'asseoir le redémarrage à l'hiver prochain de la centrale à charbon de Saint-Avold.
Il introduit également des dérogations au Code de l'environnement pour permettre la mise en service du tout premier terminal méthanier flottant en France, dans le port du Havre, qui doit permettre de diversifier les sources d'approvisionnement de la France mais fait craindre à ses opposants le recours au gaz de schiste américain.
Le texte prévoit la possibilité d'exonérer ce projet, qui sera exploité par TotalEnergies, d'une évaluation d'impact environnemental.
A gauche, la députée EELV Julie Laernoes a fustigé un texte qui ne contient aucune "mesure urgente pour rendre nos concitoyens moins dépendants des énergies fossiles" tandis que l'Insoumis Maxime Laisney appelait à mettre en place une vraie "planification écologique".
Plus généralement, le député communiste Sébastien Jumel a épinglé les "erreurs stratégiques" du gouvernement en s'interrogeant sur son "incapacité" à développer des énergies renouvelables.
A droite, le chef de file LR Olivier Marleix a dénoncé un texte inadapté aux enjeux. "Serons-nous encore capables cet hiver de fournir de l'électricité aux Français?", s'est-il interrogé, attaquant une "politique de gribouille".
Du côté du RN, Matthieu Marchio s'est inquiété que la France, en se détournant du gaz russe, "va devoir s'alimenter auprès d'autres fournisseurs comme l'Algérie et du Qatar". "Un non-sens", a-t-il estimé en affirmant que le Qatar finance une "nébuleuse islamiste".
Répondant aux autres critiques selon lesquelles ces dispositions énergétiques seraient sans lien avec le pouvoir d'achat, la secrétaire d'État à la Transition écologique Bérangère Couillard a assuré que ces mesures servaient bien à "sécuriser le bouclier tarifaire" mis en place par le gouvernement pour contenir les prix énergétiques.
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