Les Européens ont remis jeudi au Conseil des droits de l'homme de l'ONU un projet de résolution condamnant le putsch militaire en Birmanie et demandant la libération d'Aung San Suu Kyi et le rétablissement du gouvernement civil.
Le texte, qui sera débattu vendredi lors d'une session extraordinaire du Conseil des droits de l'homme (CDH), demande "la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes détenues arbitrairement", y compris la cheffe de facto du gouvernement civil renversé Aung San Suu Kyi et l'ex-président de la République Win Myint, ainsi que la levée de l'état d'urgence.
Il demande aussi le "rétablissement du gouvernement démocratiquement élu" en novembre dernier, mais ne réclame toutefois pas de sanctions.
L'armée birmane a pris le pouvoir le 1er février, arrêtant Aung San Suu Kyi ainsi que de nombreux autres responsables politiques.
Depuis, des centaines de milliers de Birmans sont descendus dans les rues à travers le pays, bravant l'interdiction des rassemblements et malgré de nombreuses arrestations.
Le projet de texte, proposé par l'Union européenne et le Royaume-Uni, appelle l'armée et l'ensemble des forces de sécurité birmanes "à s'abstenir de tout recours à la violence contre les manifestants pacifiques".
Il exige aussi "la levée immédiate et permanente" des restrictions sur internet, les médias sociaux et dans le domaine des télécommunications.
Enfin, le projet de résolution demande au Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Birmanie d'évaluer la situation en se rendant sur place en urgence. Il y a toutefois peu de chance que la Birmanie l'accepte, le pays ne coopérant plus avec cet expert depuis l'an dernier selon l'ONU.
A Genève, certains diplomates espèrent que la résolution puisse être adoptée par consensus, mais rien n'est sûr. La position de Pékin et de Moscou, soutiens traditionnels de l'armée birmane aux Nations unies, sera scrutée de près.
La Birmanie a vécu près de 50 ans sous le joug de l'armée depuis son indépendance en 1948. Le putsch du 1er février a mis fin à une brève parenthèse démocratique d'une décennie.
L'armée conteste la régularité des législatives de novembre, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti Aung San Suu Kyi. Mais des observateurs internationaux n'ont pas constaté de problèmes majeurs lors de ce scrutin.
En réalité, les généraux craignaient de voir leur influence diminuer après la victoire d'Aung San Suu Kyi, qui aurait pu vouloir modifier la Constitution très favorable aux militaires.
Très critiquée il y a encore peu par la communauté internationale pour sa passivité lors des exactions contre les musulmans rohingyas, la prix Nobel de la paix, en résidence surveillée pendant 15 ans pour son opposition à la junte, reste adulée dans son pays.
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