La cour d'assises de l'Aveyron va juger à partir de lundi un marginal de 41 ans pour l'assassinat du patron de la police municipale de Rodez qu'il tenait pour responsable de la saisie de son molosse.
Le 27 septembre 2018 en fin de matinée, Alexandre Dainotti avait poignardé le directeur général adjoint des services de Rodez, Pascal Filoé, père de trois enfants. Il lui avait assené une dizaine de coups de couteau sur l'esplanade de la mairie, devant les yeux ébahis d'une dizaine de témoins.
Arrivé à Rodez courant 2017, le marginal possédait un chien de catégorie 2, de type Rottweiller, soumis à une autorisation administrative de détention.
Il avait été contrôlé à plusieurs reprises par les agents municipaux, alors que l'animal n'avait ni laisse, ni muselière, comme l'exige la loi.
"La mairie lui a demandé de déposer un dossier de détention de chien dangereux", explique l'avocat de la ville de Rodez, Me Maxime Bessière, soulignant que la mairie avait tout fait pour régler l'affaire à l'amiable.
- "intolérance à la loi" -Comme il avait coutume de faire, Pascal Filoé avait pris ce dossier en main "pour arrondir les angles et ne pas exposer ses agents", précise l'avocat.
"La municipalité a attendu plus d'un an et demi" avant de procéder à la saisie du chien, selon la même source.
Car le casier judiciaire d'Alexandre Dainotti - plusieurs condamnations pour des violences, des vols, l'usage de stupéfiants, et déjà en 2010 une condamnation pour la détention de chien dangereux sans autorisation- lui interdisait de posséder un tel animal.
"Son intolérance à la loi et à l'autorité est bien illustrée par le choix qu'il va faire d'avoir un chien (dangereux, Ndlr) en sachant que cela lui est interdit", analyse l'un des experts psychiatre de ce dossier.
Au fil des rendez-vous, la mairie lui avait notamment proposé de faire adopter le molosse par un ami, une procédure qui était d'ailleurs en cours d'instruction au moment du meurtre.
Au cours de l'enquête judiciaire, plusieurs fonctionnaires de la mairie de Rodez ont témoigné des menaces de mort régulièrement proférées par l'accusé à l'encontre de Pascal Filoé.
Et l'expert d'expliquer, "son contentieux va assez naturellement se cristalliser sur le représentant de l'autorité".
De son côté, la victime ne souhaitait pas dans un premier temps porter plainte "pour ne pas compliquer le traitement" du dossier, ne prenant pas les menaces au sérieux.
Cependant, juste avant de trouver la mort, le fonctionnaire avait changé de position lorsque les menaces s'étaient étendues à ses proches.
- "Profil psychopathique" -Plusieurs expertises psychiatriques ont relevé "le profil psychopathique" de l'accusé, "des symptômes paranoïaques" ainsi qu'une absence de remord et de culpabilité.
Le crime avait suscité un grand émoi à Rodez, tant ce fonctionnaire "de terrain", selon ses collègues, était personnellement impliqué dans les affaires traitées par ses services.
Lors de ses funérailles nationales à Rodez, le Premier ministre Édouard Philippe, avait fait le déplacement, et salué "le professionnalisme, le courage" d'un homme, tué pour avoir "voulu, simplement, faire respecter la loi".
Pour les enquêteurs, la préméditation est avérée.
Le jour du meurtre, Alexandre Dainotti s'était préalablement posté à la terrasse d'un café armé d'un couteau qu'il avait acheté la veille, attendant de croiser la route de celui qu'il allait tuer.
Après l'agression, il s'était enfui, ensanglanté, pour trouver refuge dans un magasin de vêtements.
C'est là que des policiers municipaux ont pu procéder à son arrestation. Il devait leur avouer qu'il avait "la haine" et voulait "lui faire mal".
Rapidement évacué par les secours, Pascal Filoé, 45 ans n'a pas survécu à ses blessures.
Alexandre Dainotti encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.
hj/ap/rhl