La pandémie de coronavirus a non seulement créé de nouvelles situations de précarité mais aussi aggravé la situation des millions de personnes déjà pauvres et mal-logées en France, alerte lundi la Fondation Abbé Pierre (FAP).
Dans son rapport 2020, la fondation rappelle que le Secours populaire a enregistré l'an dernier une hausse de 45% des demandes d'aide alimentaire par rapport à 2019, tandis que les Restos du Coeur prévoient d'accueillir plus d'un million de personnes pendant l'hiver, contre 875.000 en 2019-2020.
L'apparition de ces nouveaux pauvres s'est traduite sur le front du logement: selon un sondage Ipsos pour la FAP, 14% des Français ont eu des difficultés liées au logement (paiement des loyers, dégradation) depuis mars 2020 et 29% expriment des craintes à ce sujet pour 2021.
Ces nouvelles situations précaires viennent s'ajouter à celles des personnes qui souffraient déjà de mal-logement avant la pandémie.
"Il y a de nouveaux pauvres mais il ne faut pas oublier pour autant les anciens pauvres", a résumé Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.
Les périodes de confinement ont particulièrement aggravé la situation des sans-abri, "dont les principales ressources se trouvent dans la rue et qui dépendent d'associations, souvent fragiles, pour tenir la tête hors de l'eau", explique l'association.
De nombreuses personnes vivant dans des logements étroits, surpeuplés ou insalubres ont aussi vécu le confinement comme une "épreuve cruelle".
"C'était dur pour tout le monde de rester à l'intérieur, mais quand vous avez des coupures d'électricité et d'eau ou des risques d'effondrement à cause de fissures au mur", raconte Abdel Hasid Ouchani, un père de famille de 46 ans qui a passé le confinement dans un studio de Montigny-les-Cormeilles (Val-d'Oise) envahi par l'humidité, avec sa femme et son fils de 4 ans.
En 2020, la Fondation Abbé Pierre a recensé 4,1 millions de personnes mal-logées en France dont 300.000 sans domicile.
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