Deux ministres japonais se sont recueillis lundi à un sanctuaire considéré par la Chine et la Corée du Sud comme un symbole du passé militariste du Japon, alors que l'Archipel commémorait la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le sanctuaire shinto de Yasukuni à Tokyo rend hommage aux 2,5 millions de morts de la guerre, pour la plupart des Japonais, qui ont péri depuis la fin du XIXe siècle, mais honore également la mémoire de responsables nippons condamnés pour crimes de guerre par un tribunal international après la Seconde Guerre mondiale.
Les visites de responsables gouvernementaux japonais à ce sanctuaire suscitent régulièrement la colère des pays ayant souffert des exactions de l'armée japonaise avant et pendant la guerre, notamment la Chine et la Corée du Sud qui n'ont pas manqué de critiquer Tokyo.
Sanae Takaichi, ministre de la Sécurité économique, et Kenya Akiba, ministre de la Reconstruction de la région du Tohoku, touchée par la triple catastrophe de 2011, se sont recueillis lundi au sanctuaire de Yasukuni.
Mme Takaichi, connue pour ses positions ultra-nationalistes, y vient régulièrement. "Cette année, il y a la guerre en Ukraine. J'ai prié pour que plus personne ne meure à la guerre", a-t-elle déclaré à la presse, ajoutant qu'elle avait offert sa "gratitude" aux morts de la guerre qui y sont enterrés.
Le ministre du Commerce Yasutoshi Nishimura a également visité le sanctuaire ce week-end. Mais le Premier ministre Fumio Kishida, qui a pris ses fonctions en octobre, a opté lundi pour une offrande traditionnelle en espèces.
Le bureau de M. Kishida a déclaré à l'AFP qu'il avait fait cette offrande sur ses propres deniers et "par procuration en tant que président du Parti libéral-démocrate" (PLD, droite nationaliste au pouvoir).
Aucun Premier ministre japonais en exercice n'a visité le sanctuaire depuis 2013, lorsque Shinzo Abe, assassiné le mois dernier, avait déclenché la fureur de Pékin et de Séoul et s'était attiré une violente réprimande de son proche allié, les Etats-Unis.
Lundi, la Chine a vivement réagi aux visites de ministres japonais et à l'offrande de M. Kishida, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Wang Wenbin.
"Il s'agit d'une sérieuse provocation par rapport à la victoire de guerre anti-fasciste et à l'ordre international" établi après la Seconde Guerre mondiale, a dit M. Wang. "La Chine appelle le Japon à tirer les leçons de l'Histoire" et à "rompre avec le militarisme" pour ne pas "perdre davantage la confiance de ses voisins", a-t-il ajouté.
De son côté, le gouvernement sud-coréen a exprimé sa "profonde déception" et "regretté" que des représentants du gouvernement et du parlement japonais aient à nouveau envoyé des offrandes ou effectué des visites au sanctuaire de Yasukuni qui "glorifie les guerres d'agression passées du Japon et consacre des criminels de guerre".
Plus tard dans la journée, l'empereur Naruhito et l'impératrice Masako ont assisté à une cérémonie nationale pour marquer le 77e anniversaire de la reddition japonaise ayant marqué la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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