"Le policier a essayé de me dissuader", "on m'a dit que je n'avais qu'à pas dormir nue" : le collectif #Noustoutes a dénoncé mercredi une "mauvaise prise en charge" des victimes de violences par les forces de l'ordre, en révélant les résultats d'une enquête lancée sur les réseaux sociaux.
Ce collectif féministe a recueilli au mois de mars, en 15 jours, quelque 3.500 témoignages anonymes de personnes, en immense majorité des femmes, ayant porté plainte, ou essayé de le faire, pour des faits de violences sexistes ou sexuelles.
Selon les résultats de cet appel à témoin, 66% des répondantes et répondants font état d'une mauvaise prise en charge par les forces de l'ordre.
Parmi les personnes qui ont témoigné d'un mauvais accueil, près de 7 sur 10 ont dénoncé une banalisation des faits de la part des forces de l'ordre, 56% un refus de déposer plainte ou découragement, 55% une culpabilisation de la victime, près de 30% des moqueries, propos sexistes ou discriminants, et 26% une solidarité avec la personne mise en cause.
Les témoignages "montrent un manque total d'empathie et de professionnalisme de la part de nombreux membres des forces de l'ordre dans l'accueil et la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles", a pointé dans un communiqué le collectif, qui souligne que le refus de prendre une plainte est interdit.
Selon les résultats d'un audit publié début mars par le ministère de l'Intérieur, près de 90% des victimes de violences conjugales ont jugé "satisfaisant" leur accueil en 2020 dans les commissariats et les gendarmeries.
Ce chiffre est "en total décalage avec la réalité de terrain à laquelle les associations féministes sont confrontées, ou avec les témoignages qui se multiplient sur les réseaux sociaux", a réagi #Noustoutes.
Concernant les personnes mineures ayant porté plainte pour des faits de violences sexuelles (30% des témoignages), six sur dix relèvent "une culpabilisation très fréquente de la part des forces de l'ordre", est-il précisé.
Pour les personnes ne se déclarant d'aucun sexe (44 témoignages sur 3.496), l'accueil est "catastrophique" avec 8 personnes sur 10 dénonçant un mauvais accueil.
Cependant, la situation "semble évoluer depuis quelques années", souligne le collectif, car "les mauvaises prises en charge sont majoritaires parmi les témoignages de 2019 et 2020 alors qu'elles représentent 46% des témoignages de 2021".
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