Le ministre français des Outre-mer Sébastien Lecornu a estimé mercredi que les violences récentes sur l'île française de Mayotte semblaient "être des règlements de compte entre bandes comoriennes", potentiellement dues aux interventions des autorités qui "destabilisent des réseaux puissants" en luttant contre ces bandes.
Trois Comoriens ont été tués à l'arme blanche, dont deux adolescents de 14 et 15 ans, la semaine dernière à Mayotte, île française de l'Océan indien soumise à une très forte pression migratoire en provenance de ce pays voisin.
Plusieurs habitations ont été détruites lors d'incidents qui ont réveillé les inquiétudes des habitants, excédés par l'insécurité latente dans le 101e département français.
"Je me dois d'être totalement transparent avec vous: si nous assistons à une recrudescence de certains affrontements c'est aussi parce que nos forces de l'ordre multiplient les interventions et déstabilisent des réseaux puissants", a déclaré le ministre lors d'une allocution à la télévision mahoraise, destinée à rassurer les populations sur l'intervention de l'Etat.
Le procureur a indiqué mercredi soir que neuf personnes ont été interpellées, dont le supposé meneur, dans le cadre de l'enquête sur ces violences.
Deux pelotons de gendarmerie mobile "sont sur place depuis ce matin et seront chargés prioritairement d'assurer la sécurité du quartier de la Vigie", où les violences ont eu lieu.
Comme annoncé, "une dizaine de militaires spécialisés arriveront dans les tous prochains jours pour renforcer les capacités d'enquête judiciaire", a-t-il ajouté, rappelant que les effectifs de police et de gendarmerie ont gonflé de 60% en 5 ans sur l'île.
"L'Etat est pleinement engagé à vos côtés et continuera de mobiliser tous les moyens nécessaires pour faire face à cette situation exceptionnelle", a déclaré le ministre, évoquant la situation sécuritaire mais aussi sanitaire du département, où le variant sud-africain du Covid-19 a été détecté le 18 janvier.
Les élus de l'île - députés, sénateurs, président du conseil départemental et président de l'Association des maires - ont plaidé mardi pour la déclaration "d'un état d'urgence sécuritaire" sur l'île qui permettrait à l'Etat "de concentrer plus de moyens humains, logistiques et financiers".
Les trois quarts de la population de Mayotte (77%) vivent sous le seuil de pauvreté national et près de la moitié des habitants ont moins de 18 ans.
Selon les statistiques nationales, la moitié de la population est de nationalité étrangère, principalement comorienne, dont une grande majorité vit clandestinement sur le territoire.
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