La mairie de Paris s'est engagée jeudi en conseil municipal à accompagner le Théâtre de Verre, squat d'artistes historique qu'elle expulse d'une friche en raison de travaux, pour trouver une solution de relogement "dans les plus brefs délais".
L'adjointe de la maire PS Anne Hidalgo chargée de la culture, Carine Rolland, s'est engagée dans un voeu adopté à "accompagner l'association Co-Arter, en identifiant toute opportunité pertinente d'ici au mois de mai, pour que le Théâtre de Verre trouve une solution de relogement sur le territoire parisien dans les plus brefs délais".
Créée en 1998, Co-Arter est à l'origine de cet espace pluridisciplinaire et nomade qui a occupé depuis deux décennies plusieurs friches parisiennes. Depuis 2015, le Théâtre de Verre, qui dit avoir hébergé 800 compagnies et 2.000 artistes entre 2018 et 2020, occupe provisoirement l'un des deux bâtiments d'un ancien lycée du XIXe arrondissement.
Début février, son directeur et cofondateur Luis Pasina a reçu une lettre mettant fin à la convention d'occupation temporaire sous trois mois, la mairie souhaitant lancer les travaux pour une médiathèque et une Maison des réfugiés.
"La Ville a fait deux propositions au Théâtre de Verre qui les a refusées", a défendu Carine Rolland, soulignant à l'AFP que "l'association était parfaitement informée dès le début que cette situation serait temporaire, les travaux devant être lancés en 2020 au plus tard". Luis Pasina affirme que Mme Rolland ne lui a fait qu'une seule proposition, inadaptée.
Pour l'exécutif parisien, la loi Sapin 2, qui impose de mettre en concurrence toute mise à disposition de l'espace public lorsque l'usage qui en est fait est commercial, s'applique à la structure qui pratique la sous-location. Co-Arter doit donc participer aux appels à projets de la Ville, ce qu'elle n'a pas fait jusqu'ici, selon Mme Rolland.
Les groupes EELV, Génération.s, PCF et LR ont exprimé leur inquiétude quant au futur de cette structure emblématique de l'art populaire parisien. "Des lieux temporaires et vides, il y en a de moins en moins dans la ville", a souligné la conseillère communiste Raphaëlle Primet.
Dès mercredi, la conseillère LFI Danielle Simonnet avait demandé à l'exécutif de "surseoir à l'expulsion du Théâtre de Verre tant que la Ville n'aura pas trouvé une friche adaptée", soulignant que l'expulsion survenait "en pleine obligation de fermeture des lieux d'art et de culture".
Une manifestation de soutien au Théâtre de Verre a eu lieu le même jour devant l'Hôtel de Ville.
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