Le ministre britannique des Entreprises, Kwasi Kwarteng, a confirmé mardi que le gouvernement de Boris Johnson avait refusé d'accorder une aide de 170 millions de livres à l'empire de l'acier du milliardaire Sanjeev Gupta, menacé d'insolvabilité et qu'il juge "opaque".
D'après le ministre, interrogé sur la BBC, même si Liberty Steel, qui regroupe les activités d'acier de M. Gupta, est un "actif national important" et emploie quelque 3.000 personnes au Royaume-Uni, Londres ne peut injecter de l'argent dans "une boîte noire".
"Nous sommes évidemment les garants de l'argent des contribuables et nous avions des craintes sur la structure très opaque de GFG et pensions que, si nous donnions l'argent, il n'y avait pas de garantie qu'il resterait au Royaume-Uni et protègerait les emplois britanniques", a argumenté M. Kwarteng.
Un porte-parole de GFG Alliance, joint par l'AFP, n'a pas commenté ces déclarations.
Le ministre souligne néanmoins que "toutes les options sont sur la table" pour préserver les emplois de Liberty Steel, y compris la nationalisation, comme ce fut le cas pour British Steel, finalement repris par le chinois Jingye.
"Nous pensons que l'industrie de l'acier a un avenir au Royaume-Uni", a insisté M. Kwarteng, notamment dans la perspective de la décarbonisation de cette industrie très polluante à l'heure où le Royaume-Uni s'est engagé à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
L'inquiétude grandit au Royaume-Uni sur l'avenir de GFG Alliance, et de Liberty Steel, qui emploie environ 5.000 personnes dans le pays et 35.000 dans le monde.
GFG était l'un des plus grands clients de Greensill, société au modèle controversé qui assurait des prêts de court terme aux entreprises en s'acquittant de factures à l'avance contre une commission.
Depuis la faillite de Greensill, GFG a des difficultés à obtenir de nouvelles liquidités même si le groupe répète avoir "assez de fonds pour (ses) besoins actuels".
Dans un podcast diffusé par le groupe GFG, M. Gupta est revenu lui-même sur les difficultés du groupe et sa relation avec Greensill, soulignant que la société financière avait "cru en eux" et était devenu "son principal financier", lui permettant de bâtir un empire de l'acier et de "sauver des usines" menacées.
Il admet toutefois que GFG, dont la dette est "substantielle et atteint plusieurs milliards" de livres, aurait dû diversifier plus tôt ses liquidités dans l'acier, même si les activités d'aluminium et d'énergie du groupe sont financées différemment par des banques.
Le dirigeant, à Dubaï depuis plusieurs mois après avoir attrapé le coronavirus puis s'être retrouvé bloqué par les restrictions aux voyages, affirme avoir reçu "beaucoup de marques d'intérêt" d'organisations ou investisseurs qui veulent "nous aider à refinancer".
En France, le groupe emploie près de 2.500 personnes. Liberty Steel chapeaute directement l'aciérie Ascoval à Saint-Saulve (nord) et l'usine de rails d'Hayange (Moselle) mais GFG possède également entre autres un site d'aluminium à Dunkerque ou encore les Fonderies du Poitou (Vienne).
Au Royaume-Uni, le groupe souffre en outre de la chute de la demande pour certains aciers de la part du secteur aéronautique et de l'automobile, en crise du fait de la pandémie.
Par ailleurs, M. Kwarteng a commenté la décision de l'autorité du lobbying qui a estimé que l'ex-Premier ministre David Cameron, qui était un conseiller de Greensill, n'a pas enfreint les règles sur le lobbying en contactant directement des membres du gouvernement ou des hauts fonctionnaires pour leur demander d'accorder à Greensill des aides réservées aux entreprises en difficulté à cause du covid-19.
M. Cameron n'a fait "absolument rien de mal" et "les gens devraient passer à autre chose", a conclu M. Kwarteng.
ved/js/clp/