Le brasseur japonais Kirin a annoncé vendredi qu'il comptait mettre rapidement un terme à ses deux coentreprises dans la bière en Birmanie, dans lesquelles il est associé avec une holding de l'armée du pays, qui vient de mener un coup d'Etat.
Le groupe s'est déclaré dans un communiqué "profondément inquiet des récents agissements de l'armée en Birmanie" qui sont "contraires" à ses principes en matière de droits de l'homme.
"En raison des circonstances actuelles, nous n'avons pas d'autre option que d'arrêter notre partenariat" avec Myanmar Economic Holdings (MEHL), un conglomérat contrôlé par l'armée birmane, a ajouté Kirin.
Le groupe a insisté sur le fait qu'il entendait y mettre fin en prenant des mesures "en urgence".
Kirin est actuellement majoritaire au capital de deux brasseries birmanes, Myanmar Brewery Limited et Mandalay Brewery Limited, les parts restantes appartenant à MEHL.
Profitant de la levée de sanctions occidentales sur la Birmanie au début des années 2010 avec le processus de transition démocratique alors en cours dans le pays, Kirin avait investi 560 millions de dollars en 2015 pour prendre 55% de la société Myanmar Brewery Limited, qui contrôle environ 80% du marché national de la bière.
Il avait ensuite ajouté 4,3 millions de dollars en 2017 pour acquérir 51% de la plus petite société Mandalay Brewery Limited.
Les liens d'affaires de Kirin avec l'armée birmane étaient très critiqués depuis des années par des organisations de défense des droits de l'homme, surtout à partir du début de la crise des Rohingyas en 2017.
La Birmanie a été accusée de "génocide" envers cette communauté musulmane par la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, la Cour internationale de justice (CIJ).
Kirin avait toutefois rechigné jusqu'à présent à faire marche arrière en Birmanie. Début janvier, il avait ainsi jugé "peu concluant" un audit indépendant qu'il avait initié pour vérifier si ses coentreprises dans le pays contribuaient ou non à financer des exactions des militaires, faute de preuves suffisantes.
Un putsch militaire a eu lieu lundi en Birmanie, et la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été arrêtée, entraînant une pluie de condamnations internationales.
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