Des organisations syndicales du Panama ont dénoncé un accord signé la veille avec le gouvernement pour libérer l'ensemble des routes bloquées dans le pays en contrepartie d'une baisse du prix des carburants, confirmant la poursuite des manifestations.
"Nous avions averti l'exécutif que nous devions consulter la base", a expliqué sur la chaîne locale TVN-2 Luis Sanchez, un des signataires de l'accord. "La base a rendu sa décision et je me conforme à ce que décide la base", a ajouté le représentant de l'Alliance nationale pour les droits des peuples (Anadepo) qui regroupe la majorité des organisations qui participent à la contestation.
"Il n'y a plus d'accord", a-t-il poursuivi, en déchirant devant les cameras un document.
Les blocages, en partie levés dimanche à la suite de l'annonce de l'accord, ont repris lundi dans divers endroits du pays. Dans la capitale, les ouvriers du bâtiment ont notamment bloqué divers accès, provoquant de nombreux embouteillages.
"Nous restons sur les routes, malheureusement (....) Nous avons le sentiment que le gouvernement cherche à diviser la base", a déclaré à l'AFP Juan Morales, un agriculteur de Capira, à 60 km à l'ouest de la capitale.
Le gouvernement du président de centre gauche Laurentino Cortizo avait annoncé dimanche un accord avec les organisations syndicales sur le prix de l'essence après plus de deux semaines de manifestations contre la vie chère. Auparavant, un premier accord avait été conclu avec des communautés de l'ouest du pays.
L'accord prévoyait également la poursuite des négociations pour réduire les prix des aliments essentiels et des médicaments.
Mais des syndicats avaient rapidement rejeté l'accord, le jugeant insuffisant et estimant que toutes les organisations participant aux blocages n'avaient pas été associées. Elles réclament, à l'instar de l'Eglise catholique, médiatrice dans ce conflit, une plateforme de discussion "unique".
Les deux semaines de contestation ont compliqué les approvisionnements de la capitale et de plusieurs provinces.
"Il n'y a pas de nourriture, pas de bus. Je voulais acheter du riz, je n'en ai pas trouvé. Le peu qu'il y a est vendu cher, les légumes sont gâtés", témoigne Angelica Ruiz, une habitante de Pacora, à l'est de Panama City.
La vague de contestation sociale au Panama, pays de 4,5 millions d'habitants, est inédite depuis 1989 et la chute de la dictature militaire du général Manuel Noriega.
Les manifestants dénoncent la cherté de la vie, avec une inflation de 4,2% et des prix du carburant en hausse de 47% depuis début 2022. Le pays connaît aussi un des taux d'inégalité parmi les plus élevés du monde.
jjr/mav/llu/jb/clr