L'écrivain d'extrême droite et chantre de la thèse contestée du "grand remplacement" Renaud Camus, qui était poursuivi pour injure raciale après un tweet publié en 2019, a été relaxé mercredi par le tribunal correctionnel de Paris.
Le 18 avril 2019, Renaud Camus écrivait sur le réseau social: "Une boîte de préservatifs offerte en Afrique c'est trois noyés en moins en Méditerranée, cent mille euros d'économie pour la Caf, deux cellules de prisons libérées et trois centimètres de banquise préservée."
L'auteur de 74 ans avait assuré lors de son procès en novembre qu'il n'y avait "aucun caractère injurieux" dans ce message, défendant sa "dimension humoristique et caricaturale".
Le tribunal a considéré que le propos incriminé "s'insère dans un débat d'intérêt général relatif à la décroissance démographique" et qu'il s'intègre en outre "dans une récurrence de tweets" postés par Renaud Camus entre 2015 et 2020 et "prenant position de manière générale pour un contrôle des naissances sur l'ensemble de la planète y compris en Europe".
Le parquet avait requis quatre mois d'emprisonnement avec sursis et 5.000 euros d'amende pour injure raciale, estimant que le tweet réduisait "la population africaine à des choses, des chiffres", un "procédé éprouvé d'une rhétorique raciste". La procureure avait évoqué les "propos totalement dépourvus d'humour" et "méprisants" de son auteur.
Pour le tribunal, si le style et les images de l'écrivain peuvent manquer "d'empathie", "choquer et heurter la délicatesse", ils "relèvent du choix du mode humoristique pour traiter par l'absurde d'un sujet politique, et dramatique, dans le cadre d'un tweet propice à une concentration du propos autour de formules choc".
Avec cette "critique satirique d'un système de croissance et de certaines de ses conséquences", Renaud Camus n'a pas dépassé "les limites admissibles" du libre exercice de la liberté d'expression, selon le tribunal.
Renaud Camus, soutien de Marine Le Pen à la dernière présidentielle, a popularisé dans ses livres la thèse conspirationniste du "grand remplacement", qui dénonce une prétendue substitution des populations blanches européennes et chrétiennes par des immigrés de couleur, majoritairement musulmans.
L'écrivain a été condamné à plusieurs reprises pour provocation à la haine. Il avait été condamné à 4.000 euros d'amende à Paris en 2014 pour des propos envers les musulmans, une peine confirmée en appel en 2015. Le tribunal d'Auch lui a infligé en janvier 2020 deux mois d'emprisonnement, une peine dont il a fait appel.
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