Des peines allant du sursis à 8 ans de prison ferme ont été requises jeudi à l'encontre de six policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) du XVIIIe arrondissement de Paris, soupçonnés selon les cas d'avoir racketté des dealers, falsifié des procédures ou violenté un suspect.
A l'encontre du principal prévenu, le brigadier Karim M. alias "Bylka" (kabyle en verlan), considéré comme le chef d'équipe, le ministère public a requis la peine la plus lourde de 8 ans de prison, assortie d'une interdiction définitive d'exercer.
"Il est passé de l'autre côté depuis longtemps, trop longtemps", a lancé la procureure Morgane Couchet. "Il est blanchisseur, dealer, voleur, faussaire, corrompu, l'homme de ses affaires, mais certainement pas policier".
Dépeignant un homme guidé par "l'appât du gain", la magistrate a estimé qu'il existait assez d'éléments pour conclure que Karim M. avait bien, entre 2017 et 2019, monnayé sa protection en faisant souscrire une "assurance" à des dealers, sous la forme d'enveloppes d'argent liquide.
Tout au long du procès, qui s'est ouvert le 3 février, le brigadier a contesté avoir reçu de l'argent, affirmant qu'il utilisait le mot "d'assurance" pour faire du "bluff" et obtenir des informations sur les terrains de trafic.
Pour Aaron B., considéré comme l'adjoint de Karim M. et qui est jugé pour "faux" et "vol par personne dépositaire de l'autorité publique", les procureurs ont demandé trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, ainsi que, là aussi, une interdiction définitive d'exercer.
A l'encontre des quatre autres fonctionnaires, membre de la même équipe, les magistrats ont requis de peines allant de 12 mois avec sursis à six mois ferme avec interdiction définitive d'exercer.
Poursuivis pour "faux", "trafic de stupéfiants" ou "violences", ils sont soupçonnés d'avoir bidonné une procédure en faisant croire, le 21 avril 2019, qu'un suspect avait de la drogue sur lui - en réalité confisquée à un autre la veille. Cet homme a aussi été frappé dans le véhicule de la BAC ce jour-là.
Enfin, le ministère public a demandé cinq ans de prison et 10 mois ferme pour les deux derniers prévenus, des informateurs officieux de "Bylka", Ahmad M. et Abdoulaye D., le premier pour corruption et trafic de stupéfiants, le deuxième pour cette seconde infraction seulement.
Les plaidoiries de la défense sont prévues jeudi soir et vendredi après-midi.
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