Cinq personnes seront jugées le 3 juin par le tribunal correctionnel de Paris pour "harcèlement moral" et, pour deux d'entre elles, "menaces de mort" à l'encontre de Mila, une adolescente qui avait publié une vidéo polémique sur l'islam.
Ces cinq personnes, âgées de 18 à 29 ans, selon le parquet, avaient été interpellées mardi dans plusieurs régions du pays. A l'issue de leur garde à vue, elles ont été présentées à un procureur du tout nouveau pôle national de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris, destiné à centraliser les investigations à mener dans différentes régions de France.
Elles ont ensuite été placées sous contrôle judiciaire, dans l'attente de leur procès.
Mila, qui fêtera bientôt ses 18 ans, avait suscité de violentes réactions, accompagnées parfois de menaces de mort, en publiant en novembre sur le réseau social TikTok une nouvelle vidéo dans laquelle elle s'en prenait vertement à ses détracteurs.
L'adolescente avait partagé sur Twitter des captures d'écran des menaces de mort reçues, certaines évoquant l'assassinat du professeur Samuel Paty, décapité en pleine rue en octobre 2020 par un jeune islamiste d'origine tchétchène, pour avoir montré à ses élèves des caricatures de Charlie Hebdo, après avoir été la cible d'une campagne haineuse sur les réseaux sociaux.
Lycéenne à Villefontaine (Isère, centre-est), Mila avait été contrainte de quitter son établissement scolaire après avoir publié en janvier 2020 une première vidéo devenue virale dans laquelle elle critiquait de façon virulente l'islam.
Deux personnes ont déjà été condamnées l'an dernier à des peines de prison pour des menaces de mort envers la jeune fille. D'autres sont inculpées dans l'enquête sur les menaces de mort de janvier 2020 et la diffusion de ses coordonnées.
L'adolescente revendique son droit au blasphème, le même que celui qui permettait à l'hebdomadaire Charlie Hebdo, cible en 2015 d'un sanglant attentat jihadiste au retentissement mondial, d'étriller les religions y compris l'islam.
"La loi est claire: nous avons droit au blasphème, à critiquer, à caricaturer les religions", était lui-même intervenu en février 2020 le président français Emmanuel Macron. "L'ordre républicain n'est pas l'ordre moral. Ce qui est interdit, c'est l'appel à la haine, l'atteinte à la dignité".
Les auteurs de menaces de mort encourent jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.
La place et l'organisation de l'islam constitue un sujet de crispation pour la société française, régulièrement alimenté par des cas concrets comme le port du voile intégral, les créneaux réservés aux femmes dans certaines piscines ou la remise en cause de certains programmes scolaires, alors que la population de confession ou de tradition musulmane sur son territoire métropolitain a très fortement augmenté depuis l'après-guerre, pour atteindre près de 9% de la population.
Les députés français examinent actuellement un projet de loi sur le "séparatisme" qui veut renforcer l'arsenal contre l'islam radical notamment en réprimant plus sévèrement la haine en ligne.
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