Un comité d'experts va se réunir mardi pour "renforcer l'information des patients et des professionnels de santé sur les risques associés à l'isotrétinoïne", un médicament contre l'acné qui entraîne notamment un risque de malformations pour le foetus, a annoncé lundi l'Agence du médicament (ANSM).
Ce comité, "constitué de professionnels de santé et de représentants de patients", est chargé d'"envisager de nouvelles actions" pour limiter les risques liés à ce médicament, auparavant commercialisé sous le nom de Roaccutane et qui fait déjà l'objet de nombreuses restrictions d'utilisation.
En effet, malgré ces restrictions, "environ 175 grossesses continuent d'être exposées chaque année" à ce médicament et "des cas (...) de dépression, et d'aggravation d'une dépression incluant des tentatives de suicide, continuent d'être rapportés chez des patients", même si "aucune étude" n'a "permis de confirmer" le lien entre la prise du traitement et ces troubles psychiatriques, observait en octobre l'ANSM, annonçant la mise en place de ce comité.
Ce dernier auditionnera mardi "des patients et des familles de patients ainsi que des médecins, pharmaciens et acteurs associatifs afin de recueillir leurs propositions", explique le gendarme du médicament.
La vidéo de cette réunion "sera rendue disponible dans les prochains jours sur le site et la chaîne YouTube de l'ANSM".
L'isotrétinoïne, dérivée de la vitamine A, est utilisée pour traiter les acnés sévères, rebelles aux traitements classiques (antibiothérapie et traitements locaux). Elle agit notamment en réduisant l'activité des glandes sébacées.
Son utilisation "pendant la grossesse est une contre-indication absolue en raison du risque très élevé de malformations (25 à 30%) chez les enfants exposés telles que des anomalies du cerveau ou du visage", souligne l'ANSM.
Cette molécule était commercialisée par le laboratoire Roche sous la marque Roaccutane. Le groupe suisse l'a retirée du marché dans sa forme orale il y a une dizaine d'années.
Plusieurs génériques sont commercialisés, notamment Curacné (Pierre Fabre Dermatologie), Procuta (Expanscience) et Acnétrait (Arrow Génériques).
Ils doivent être prescrits "uniquement en cas d'échec des traitements classiques" et "pour une durée limitée à six mois". De plus, pour les femmes en âge de procréer, une contraception pendant le traitement est indispensable et "un test de grossesse doit être réalisé (...) tous les mois".
Ces dernières doivent déjà signer un formulaire d'accord de soins et se voient remettre une "carte patiente" d'information sur les risques.
Enfin, les médecins doivent "s'assurer de la santé mentale du patient", et les patients et leurs proches doivent "être attentifs à l'apparition de signes d'ordre psychologique/psychiatrique, notamment d'un syndrome dépressif".
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