L'accord entre les quatre principales forces de gauche pour les régionales en Hauts-de-France il y a une semaine n'a pas sensiblement bousculé les discussions dans les autres régions dans l'Hexagone, véritables "patchworks" d'alliances et de rivalités.

Comme un symbole, la déclaration de candidature en Auvergne-Rhône-Alpes de l'ancienne ministre socialiste Najat Vallaud-Belkacem a commencé à doucher les espoirs suscités chez les partisans de l'union.

"Certains socialistes nous disent que la candidature de +NVB+ ne signifie pas que l'affaire est close" dans les négociations avec EELV, indique cependant la responsable élections des Verts Hélène Hardy.

Cet exemple illustre les rapports de force qui continuent de se jouer dans plusieurs régions, entre tractations confidentielles et déclarations de presse.

Le patron des Verts Julien Bayou lui-même, candidat en Île-de-France, a semblé prendre conscience, mardi, de la nécessité d'envoyer le signal d'une discussion. Dans un meeting numérique, il a tendu la main à ses rivales à gauche, Audrey Pulvar (PS) et Clémentine Autain (LFI).

Mais le statut de ces trois personnalités dans leurs partis respectifs et l'absence d'un "risque RN" complique la perspective d'un accord.

La situation semble plus ouverte, bien que complexe, en PACA. La région a été le théâtre d'un de ces mics-macs dont EELV a le secret avec le désaccord, insoluble pendant plusieurs semaines, entre les militants partisans d'une démarche d'union dès le départ et ceux poussant pour une liste franchement écolo.

Après leur mise sous tutelle par l'exécutif national, "le pôle écolo est stabilisé, les discussions commencent, et ceux qui tiennent trop compte de leurs émotions ne sont pas à la manoeuvre", lâche Hélène Hardy.

La Normandie est un autre cas d'école. Le PCF y revendique la tête de liste. Son député Sébastien Jumel a recueilli le soutien de LFI et de meilleurs sondages que la candidate d'EELV, Laetitia Sanchez. Mais celle-ci a suggéré qu'elle irait au bout. Quant aux socialistes, ils estiment y être rien moins que "le point d'équilibre de toute la gauche", dixit leur responsable élections Pierre Jouvet.

Les discussions se poursuivent aussi dans le Grand-Est ou encore en Bourgogne-Franche-Comté. Ailleurs, les alliances obtenues restent très partielles.

A l'échelle nationale, ses potentiels partenaires reprochent à EELV une attitude hégémonique après des européennes et municipales réussies.

"Bayou depuis 2020 a mis en avant un agenda très identitaire, très centré sur les écologistes, avec une primaire restreinte en septembre", peste un protagoniste en privé.

Alain Coulombel, membre de l'aile gauche d'EELV et fervent défenseur de l'union, reconnaît que si son parti est légitime à penser que "l'écologie est la force montante", il a tendance à "ne pas prendre en compte le maintien des autres forces de gauche en France".

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui vise une alliance entre socialistes et Verts en 2022, a tapé du poing sur la table lundi, fustigeant ceux qui disent "Oui au rassemblement, mais toujours derrière moi".

Car les socialistes n'entendent pas brader leur ancrage local, vieux de plusieurs décennies. Ils présentent la candidature inconditionnelle de leurs cinq présidents sortants, partout contestés sur l'écologie par les Verts. Plus largement, Pierre Jouvet confie: "On est sûrs de maintenir nos têtes de listes PS dans 10 régions où nos candidats sont bons et ont des bons sondages."

Les Hauts-de-France resteront le seul "contre-exemple" d'union, anticipe avec un soupir Alain Coulombel. Les régionales à gauche "sont malheureusement un patchwork, ça va être compliqué pour les électeurs de s'y retrouver", regrette aussi Paul Vannier du comité électoral de LFI.

"Gagner quand on fait toutes les alliances possibles dès le premier tour n'est pas une règle absolue", plaide cependant Hélène Hardy. Selon elle, "faire deux listes qui vont chacune chercher une partie de l'électorat" a ses avantages.

L'ancien député PS Christian Paul, organisateur du Festival des idées qui oeuvre au rassemblement en vue de 2022, n'est pas d'accord: "Les rafistolages de soir de premier tour dans un hôtel de la capitale régionale, habituels sous l'hégémonie du PS, ne sont pas compatibles avec cette période de colère et d'abstention".

Il constate avec effroi un "bloc friable à un an de la présidentielle".

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