"L'apogée" d'une longue campagne mensongère: l'accusation démocrate a exhorté jeudi les sénateurs à condamner Donald Trump, qualifié d'"incitateur-en-chef" de l'assaut sanglant sur le Capitole.
Voici les principaux arguments présentés par les élus de la Chambre des représentants, qui servent de procureurs dans ce procès historique devant le Sénat:
- "Pas dans le vide" -
L'attaque n'était "pas un accident", "pas une anomalie" mais "l'apogée" d'une longue campagne, ont-ils plaidé.
Selon le procureur en chef, Jamie Raskin, Donald Trump a "flatté, encouragé, cultivé la violence" de ses supporteurs pendant des mois, afin de s'en servir pour se maintenir au pouvoir.
Le milliardaire républicain a attisé leur colère en prétendant que la victoire à la présidentielle lui avait été "volée" par des "fraudes massives", dont il n'a jamais apporté la preuve. C'était "un grand mensonge", ont dénoncé les démocrates.
- "L'étincelle" -
Après l'échec de ses plaintes en justice et de ses multiples pressions sur les agents électoraux des Etats clés, "le président Trump s'est retrouvé à court d'options non violentes pour se maintenir au pouvoir" (Ted Lieu).
Il a alors appelé ses supporteurs à se réunir le 6 janvier à Washington, au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de son rival Joe Biden. "Battez-vous comme des diables", a-t-il lancé aux manifestants. "Il était convaincu de ce qu'il disait" (Raskin).
Certes, il leur a demandé de marcher "pacifiquement" sur le Capitole, mais "on a vérifié les 11.000 mots de son discours, et le président n'a utilisé le terme +pacifique+ qu'une seule fois, contre plus de 20 +se battre+" (Madeleine Dean).
Avec ce discours, "il a allumé la mèche" qui a mis le feu aux poudres, "et il l'a lancée vers cette enceinte, vers nous" (Joe Neguse).
D'ailleurs, les assaillants arrêtés dans les jours suivants ont expliqué aux forces de l'ordre qu'"ils pensaient suivre les ordres de leur commandant en chef" (Diana DeGette).
- "Il savait" -
Le président ne peut pas prétendre avoir été mal compris: "Les violences étaient prévisibles, il y avait des centaines de signaux d'alerte" (Joe Neguse).
Dans le passé, ses tweets incendiaires contre la gouverneure du Michigan avaient déjà été suivis de l'intrusion de milices armées d'extrême droite dans le capitole de cet Etat, c'était "une répétition" (Jamie Raskin).
Et une fois l'assaut donné, "il n'a rien fait, il n'a pas envoyé de renforts" (Joe Neguse).
Il a fallu attendre plus de quatre heures pour qu'il appelle ses partisans à "rentrer chez eux" dans un message vidéo où, loin de les condamner, il leur a lancé: "Nous vous aimons."
- Risque de récidive -
Pour les démocrates, il n'a "aucun remord" et pourrait bien récidiver.
"S'il revient au pouvoir et recommence, on ne pourra s'en prendre qu'à nous-mêmes", a lancé Jamie Raskin à l'adresse des cent sénateurs, à la fois juges, jurés et témoins.
Pour lui, il est donc impératif de condamner le milliardaire républicain, qui a caressé l'idée d'une nouvelle candidature en 2024, à une peine d'inéligibilité.
- Un message pour le monde et l'avenir -
"Laissez-nous montrer au monde que le 6 janvier ne représentait pas l'Amérique" (Joaquin Castro).
Si "nous prétendons que ce n'est pas arrivé, ou pire, si nous le laissons passer sans réponse, qui peut dire que cela ne se reproduira pas?" (Joe Neguse).
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