La réforme "100% santé", qui permet le remboursement intégral de certains soins, a atteint sa cible pour les prothèses dentaires, mais reste en-deçà des attentes pour les lunettes, a indiqué jeudi le directeur de la Sécurité sociale, Franck von Lennep.
Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le "reste à charge zéro" affiche des résultats contrastés au terme d'une année 2020 "très chahutée sur le plan du recours aux soins", a rappelé M. von Lennep lors d'une conférence de presse organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
Avec 53% des prothèses dentaires au tarif "100% santé" en décembre - et 21% supplémentaires "dans le panier +reste à charge modéré+" - "on peut considérer qu'on est vraiment dans la cible", a-t-il affirmé.
Pour les audioprothèses, intégralement remboursées depuis le 1er janvier seulement, "il est trop tôt pour avoir des chiffres", mais "les premières tendances sont positives", avec "une forte hausse du taux de recours en janvier".
En revanche, avec environ 14% des verres et 12% des montures optiques, "on peut en attendre encore un peu plus", même s'"il peut y avoir des lunettes sans reste à charge en dehors du 100% santé", en fonction des garanties des complémentaires santé.
"Dans le réseau des opticiens mutualistes, on est à un peu plus de 20%", a rebondi Albert Lautman, directeur général de la Mutualité française, pas convaincu "que cette offre soit correctement mise en avant" partout.
"Nous avons des remontées négatives sur des pratiques de dénigrement chez certains opticiens (où) le +100% santé+ est assimilé à une offre bas de gamme", a rapporté Marianick Lambert, membre du bureau de France Assos Santé.
Pour s'assurer que les professionnels concernés jouent bien le jeu, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) "mène une enquête dans les magasins d'optique et d'audioprothèse", a souligné Julie Pougheon, directrice de l'offre de soins à l'Assurance maladie.
"Ces contrôles ont commencé fin 2020" et visent "plusieurs centaines" de points de vente, a précisé M. von Lennep, ajoutant que "l'objectif n'est pas d'aboutir immédiatement à des sanctions".
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