"Les déprogrammations ont beaucoup plus d'impact" chez les malades chroniques que dans la population générale, générant un sentiment "hyper anxiogène", estime le Dr Jean-Pierre Thierry, conseil médical de la fédération d'associations de patients France Assos Santé.
Question : Quel a été l'impact des déprogrammations pour les malades chroniques ?
Réponse : "C'est un thème qu'on a identifié assez tôt après la première vague. On avait beaucoup de remontées à travers le réseau de France Assos Santé. Tout le monde a été touché: il y a eu une baisse énorme des consultations en ville. L'impact a été encore plus fort chez les gens porteurs de maladies chroniques que dans la population générale, qui était déjà très touchée et assez anxieuse. Chez les malades chroniques, les déprogrammations ont beaucoup plus d'impact avec un effondrement des greffes et une déprogrammation d'actes chirurgicaux en cancérologie.
Lors de la première vague, il y avait une grande détresse. Une grande proportion de patients s'est sentie abandonnée: il n'y avait pas de nouvelle, pas de date, pas d'horizon et pas d'information sur les conséquences des déprogrammations les concernant."
Q : La situation se reproduit-elle avec la troisième vague ?
R : "La tension est en train de remonter. Cette troisième vague a été suffisamment peu anticipée pour surprendre encore mais je pense qu'il y aura des progrès même si on n'est pas encore en mesure de les évaluer. Les déprogrammations désorganisent l'hôpital complètement à tous niveaux".
Q : L'information des patients concernés s'est-elle améliorée ?
R : "Il est trop tôt pour le voir. Lors de la première vague, cela avait été très hétérogène. Cela peut dépendre d'un hôpital à l'autre, voire d'un service à l'autre. Rien que d'être contacté par téléphone peut faire pas mal de différence. Avec les déprogrammations, les gens se sont sentis abandonnés. Quand on est un malade chronique suivi régulièrement, c'est hyper anxiogène."
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