Le parlementaire Rodrigo Pacheco (DEM, centre droit) a été élu lundi à la tête du Sénat brésilien avec le soutien du président Jair Bolsonaro, qui espère maintenant placer un autre de "ses" candidats à la Chambre des députés pour faciliter la deuxième moitié de son mandat et sa possible réélection en 2022.

Rodrigo Pacheco a remporté l'élection avec 57 voix contre 21 voix pour sa principale rivale, Simone Tebet, du Mouvement démocratique brésilien (MDB, centre droit).

Le député de 44 ans a réussi l'exploit d'avoir à la fois le soutien de M. Bolsonaro et du Parti des travailleurs (PT, gauche), la formation des anciens présidents Luiz Inácio Lula da Silva et Dilma Rousseff.

Le PT assure ainsi la présidence de deux commissions au Sénat, celle des droits de l'homme, qu'il gère déjà, et la commission de l'environnement.

A la Chambre basse, où siègent 513 députés, Jair Bolsonaro, aujourd'hui sans parti, soutient Arthur Lira, du Parti progressiste (PP, droite).

Le seul de ses sept adversaires capable de défier M. Lira est Baleia Rossi, du MDB, qui peut compter sur le soutien du chef sortant de la Chambre des députés, Rodrigo Maia (DEM).

Comme M. Pacheco, Arthur Lira appartient au "Centrao", un groupe hétérogène de partis conservateurs qui négocient leur soutien en fonction des avantages qu'ils peuvent en retirer et que le président a tout fait pour accommoder ces derniers mois.

Le nom du nouveau président de la Chambre des députés devrait être connu avant minuit (mardi 03H00), voire mardi dans la matinée en cas de deuxième tour.

Au Brésil, les présidents de la Chambre des députés et du Sénat déterminent l'ordre du jour législatif. De plus, c'est au chef de la chambre basse qu'il appartient de décider de la recevabilité des plaintes d'"impeachment", de destitution.

La Chambre des députés a reçu 66 demandes d'"impeachment" de Jair Bolsonaro, en raison de sa gestion jugée calamiteuse de l'épidémie de coronavirus, qui a fait quelque 225.000 morts au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé derrière les Etats-Unis.

Rodrigo Maia, qui va quitter le perchoir après deux années de tensions avec Jair Bolsonaro, s'est irrité des manoeuvres du président pour faire élire "ses" candidats. Il a même menacé d'accepter ce lundi, dernier jour de son mandat, l'une des demandes de destitution, avant de se raviser.

Les marchés attendent de l'exécutif et du législatif qu'ils collaborent pour engager un solide programme de réformes et de privatisations.

La Bourse de Sao Paulo a fermé lundi en hausse de 2,13%, encouragée par cette perspective et l'apaisement à Wall Street.

Les analystes estiment que le rapprochement opportuniste de M. Bolsonaro avec le "Centrao" va faire de lui un otage de ce groupe au Parlement pour la fin de son mandat.

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